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Berlin, Fév. 2009

Les journées s’étirent, et avec elles l’ennui, l’angoisse et l’attente.
Mais la nuit finit toujours par tomber. Patience.

Il n’y a pas grand chose qu’il aime d’avantage que de tailler son chemin dans la pénombre rassurante des rues désertes. Il réfléchit à toute allure, pense, projette, écrit, créé. Ferme les yeux, juste un peu, sourit. Les chansons martèlent leur rythme dans son casque, s’enfoncent dans son crâne, lui serrent le ventre et lui dictent son allure.

Au détour d’une ruelle, il murmure ses peurs aux ténèbres et souffle ses espoirs aux trottoirs. Débouche sur une avenue et s’imagine la ville comme une entité humaine ; observe ses artères charrier des globules, rouges, blancs, à contre-sens les uns des autres. Dans ces moments là, la réalité n’a aucune importance. La probabilité tend méchamment vers 1, quelque soit l’hypothèse.

C’est toujours là qu’il commence à leur parler. Elles ont souvent un visage. Parfois un prénom. Il tisse la toile de leurs vies futures sur le canevas des étoiles, leur avoue ses secrets les mieux gardés. Elles sont belles, contradictoires et inaccessibles. Ce joli capharnaüm vire systématiquement en tour de Babel : on y rit, on y joue, on y jouit, en français, en anglais, en allemand, en Europe et en silence.

Les boulevards l’appellent de nouveau, et il y crie sa rage muette. Il s’arrange toujours pour se perdre du côté du fleuve, pour y remonter le courant. L’irrationel s’effrite alors et l’infini approche dangereusement du zéro absolu.

Il y a peu de choses qui l’effraient autant que l’obscurité sourde de l’asphalte. Ses idées s’y fracassent et ses certitudes se fissurent une à une. Il ferme les yeux et laisse la musique l’envahir.

Les jours s’étirent, et avec eux l’attente, l’angoisse, l’envie.
La nuit finit toujours par tomber, douloureusement.
En attendant, il rêve.

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