Promis, ça ne sortira pas d'Internet

mardi, octobre 19 2021

Concentré

J’ignore si j’étais parfaitement inadapté à l’entreprise à 22 ans ou si je suis plutôt devenu un vieux cornichon vingt ans plus tard, mais là où à l’époque j’avais le sentiment de travailler efficacement avec un fond musical permanent, j’éprouve désormais la plus grande difficulté à me concentrer dès qu’un texte ou un son vient me caresser les neurones dans le sens du poil.

Il fut un temps pourtant où n’importe quel morceau de métal hurlant dans mon casque m’aurait permis d’atteindre le zen absolu. Aujourd’hui, ça calme toujours mes humeurs noires et ça m’évite toujours de crier sur les gens, mais c’est à peu près tout. Si je dois faire preuve de diplomatie dans un courriel, les grosses guitares mettent tout par terre. Si je dois rédiger une règle compréhensible, les paroles énervées vont venir brouiller le message. Et si je dois écouter mon chef… bon là je dois retirer mon casque, j’avoue, donc ça ne change pas grand chose.

Exit donc mes valeurs sûres. Du coup j’ai essayé la musique folk, l’indie (pour autant que ça définisse un style musical), la pop, le R&B, et au final c’est l’électro qui parvient le mieux à me donner un supplément de concentration au milieu d’un bureau fréquemment visité. Là encore, j’accuse mon âge sûrement. Mais en même temps j’aime bien cette évolution, ça me force à sortir de ma zone de confort et découvrir de nouvelles artistes.

Reste que, ça n’est pas un mystère, l’électro n’est pas toujours faite pour se concentrer. Elle a même souvent tendance à donner envie de remuer son popotin en rythme, quitte à se couvrir de ridicule. Est-ce un problème ? Je ne crois pas, au pire ça fait rire mes collègues. Est-ce insoluble ? Probablement pas.

Bien.

Mais ai-je réussi à compiler dix morceaux qui permettent de se concentrer et uniquement de se concentrer, alors ?
Non. Et croyez-moi, ça ne serait ni sain ni agréable.
Il faut savoir donner des pauses à son cerveau.
On y va ? Tout le monde est bien concentré ?

PIL#157 Focused

mercredi, juin 16 2021

Le retour du tonton du Bled (LiLiLi)

Les podcasts c’est chouette, mais c’est plus difficile à archiver, à consulter, ou à annoter. Certains podcasts proposent une retranscription complète, mais c’est assez rare. D’autres ont un format hybride bien agréable, comme La Dose chez Binge qui double l’audio d’une newsletter.

Une newsletter.

Il y a encore quelques mois, j’associais ça immédiatement à du spam. Mais finalement c’est un format qui me convient bien (quand la démarche est respectueuse, j’entends, c’est à dire quand c’est moi qui souscris et qui contrôle ce que je reçois). C’est un peu comme le RSS au final, mais comme je suis beaucoup plus réticent à recevoir des mails qu’à ajouter un fil dans mon agrégateur, ça me force à être plus attentif. C’est un peu la même différence qu’entre, disons, un abonnement Spotify et une collection de CD.

Parfois, la newsletter est l’unique canal de l’auteur·ice, et c’est bien aussi. Je suis tombé (ouille) récemment sur celle de Netsabes, que j’avais perdu de vue depuis au moins… oh là là, je me fais vieux tiens. Bref. C’est très chouette, c’est plein de liens, de listes et de livres (et ça s’appelle LiLiLi). Allez vous abonner, je vous attends.

Ça y est ?

LiLiLi donc, c’est un peu un concentré de discussions passionnées autour de thématiques historiques du garçon (les jeux video, les auteur·ices italien·nes, la musique), auxquelles s’ajoutent une bonne louchée de nouvelles obsessions. C’est un merveilleux moyen de rajouter de bons livres à votre pile en attente de lecture, de blinder votre agenda de rendez-vous cools (si vous êtes parisien·ne), et de vous perdre sur internet en utilisant autre chose qu’un défilement sans fin. Promis c’est varié, rien que cette semaine les thèmes vont de l’Oulipo au grille pain en passant par les ARG. Si avec ça vous n’avez pas déjà validé votre abonnement, je n’y comprends plus rien.

vendredi, mai 28 2021

Ré-équilibrer

Si on m’avait demandé il y a quelques temps de décrire la musique que j’écoute, la dernière chose à laquelle j’aurais pensé c’est “en majorité faite par des hommes”. Et pour cause, on ne voit pas bien le rapport, n’est-ce pas ? La musique, c’est un truc qui prend aux tripes, qui joue avec vos émotions. Quelque chose d’inexplicable qui fait que vous allez passer en boucle un morceau en lisant dans le moindre détail la bio de l’artiste sur Wikipedia.

Et pourtant… Après une rapide analyse au doigt mouillé (pré-trempé dans un tableur), 80% des artistes présents dans ma discothèque sont des hommes. Et c’est particulièrement visible dans mes playlists. Alors quoi, seuls les hommes écrivent des textes qui me touchent ? Composent de la musique qui m’obsède ?

Non. Loin de là même. Si je cherche un truc festif à écouter, je vais souvent m’orienter vers des femmes. Si je réfléchis à des chansons qui m’ont retourné le bide, je tombe encore souvent sur des femmes. Mais ce ne sont pas des morceaux dont je parle ou que je pousse auprès de mes amis. Pas par choix conscient, la plupart du temps, mais parce que j’ai intégré très tôt que c’était un peu honteux d’écouter Britney ou Zazie, par exemple. Et c’est un biais compliqué à déconstruire, parce que pour la plupart des gens, la simple mention de ces noms là vous classe dans la catégorie des personnes de mauvais goût.

Donc plutôt que d’écouter et partager de la musique mainstream (qualificatif péjoratif par excellence), où les artistes féminines sont un peu mieux représentées, je torture parfois les gens avec des machins considérés comme “pointus”, difficiles d’accès, et dominé par des couilles (vous avez essayé de faire écouter Apoptygma Berzerk à des enfants ? C’est un bon test). Et même si je prends un réel plaisir à écouter tous les artistes dont j’ai accumulé patiemment les albums (oui, même Apoptygma Berzerk, selon l’humeur), j’ai sciemment zappé des genres musicaux entiers parce que ça n’était pas de la “vraie musique”. Pas un truc sérieux.

Ce qui est intéressant, c’est que ce qui ressemble à une expérience très personnelle est en fait complètement systémique. Toute la critique musicale est construite sur les mêmes bases. Exemple maladroit et approximatif avec les couvertures des Inrocks : en 4 ans on y trouve deux fois Philippe Katherine, mais aucune trace d’Aya Nakamura. On rejoue ? Chez Rock & Folk, on ne trouve que des hommes en couverture sur toute l’année 2017. Une seule femme en 2019 (Catherine Ringer), une seule toujours en 2020 (Chrissie Hynde des Pretenders).

Alors vous je ne sais pas, mais moi tout ça m’a un peu travaillé. En gros consommateur de musique, me dire que je passe à côté de plein d’artistes c’est très frustrant. J’ignore comment faire bouger les lignes, mais j’ai commencé par revoir mes règles. Désormais, je veux ré-équilibrer ma discothèque et inclure plus de femmes. Écouter des rappeuses, des chanteuses pop, des rockeuses, des goths, des métalleuses, des indépendantes. Et donc tant que je n’aurai pas atteint 50%, je n’ajoute plus que des disques portés par des femmes. Ça demande un petit travail, histoire de sortir de sa zone de confort, mais c’est beaucoup moins compliqué que je ne le pensais.

Et vous savez quoi ? Ben ça fait du bien.

bonus track - un épisode éclairant du podcast Les couilles sur la table sur le sujet : “En musique, les hommes donnent le la

morceau caché - mes découvertes et redécouvertes du mois dernier (dans le désordre, mais toujours avec plaisir) : Aloïse Sauvage, Amanda Palmer, Anoushka Shankar, Macy Gray, Beth Gibbons en solo, Melissmell, Charlotte Cardin, Dua Lipa, Allison Russell, Hoshi, Billie Eilish, Mereba, Girli, Regina Spektor, Imany, Patti Smith, Mariama, Young M.A., Tash Sultana

lundi, mai 10 2021

High Fidelity

Parmi les habitudes que j’ai perdues, il y en a une qui me touche plus particulièrement : écouter de la musique. Ça ne s’est pas fait du jour au lendemain, mais la vie de bureau (tellement confortable pour plein de choses) rend le port du casque beaucoup moins acceptable socialement. Quand tu n’as qu’une seule personne en face de toi toute la journée, c’est un peu délicat de se visser des écouteurs sur les oreilles.

Le passage à des plateformes d’écoute a aussi beaucoup changé mon rapport à la musique. Au début pour le meilleur, en me donnant accès à tout ce que je voulais écouter. Et puis, petit à petit, pour le pire, en rendant mon rapport à la musique beaucoup plus diffus. Je suis devenu un peu prisonnier de ce que la machine me proposait à écouter, et comme cette machine n’est finalement pas très douée pour ça, j’ai peu à peu abandonné. Concevoir des listes de lecture était un bon moyen de lutter contre ça, mais ça fait un moment que je n’en ai plus vraiment le temps.

Bien avant ça, je pouvais compter sur quelques personnes de qualité, dont les préférences musicales étaient assumées. C’est comme ça que j’ai passé des jours entiers à discuter de certains disques avant de les écouter, et autant de jours à écouter des disques pour me les approprier. Mes propres goûts ont été en grande partie formatés par ces personnes merveilleuses, mais notre capacité à échanger sur la musique a suivi le même chemin que ma capacité à écouter de la musique.

Le manque étant constaté, la difficulté consiste à changer de comportement. À redécouvrir ma musique, mes disques, mes artistes (notez le possessif insistant). C’est une première étape nécessaire, mais le risque est fort de virer vieux schnock bloqué sur un style ou une période figée. Il faut aussi retrouver des partenaires d’écoute, des gens pour me pousser à aller vers des choses nouvelles. Des gens à qui je peux dire qu’ils ont des goûts de merde, tout en me les appropriant fissa. Au minimum, me pousser un peu à parler de musique en gardant l’esprit ouvert. La grande vertu de la démarche, c’est que ça me force à reconsidérer ma propre collection, mes propres standards. À aller chercher des morceaux oubliés, et chercher à oublier certaines certitudes.

Le défi, c’est de trouver des gens qui veulent bien jouer[1] avec moi.

Note

[1] Comme j’aime bien la difficulté, j’ai redéfini mes règles du jeu.

samedi, mai 8 2021

Recomposer

Il y a 18 ans j’écrivais tout d’un trait, sans trop réfléchir. Ça se ressent beaucoup à la relecture, c’est souvent trivial et difficile à recontextualiser. Malgré tout, j’en retire une certaine valeur, au moins sentimentale. Et ça existe.

Aujourd’hui je n’écris plus et je réfléchis trop avant de taper. Ça se ressent aussi bien sûr, parce que contrairement au vélo, on oublie, on perd, et on se perd. La difficulté première c’est de dégager du temps, bien sûr, de concentrer son attention. J’ai abandonné les réseaux sociaux pour de multiples raisons, mais d’abord pour regagner des heures perdues à scroller indéfiniment et sans but précis. Mais j’y ai au passage perdu quelques étincelles, un peu de motivation. Et ce blog a continué de souffrir de mes dispersions.

Si je ne me résous pas à le tuer, c’est que je continue à aimer ce qu’il y a derrière un blog. La décentralisation, le jaillissement d’idées, la confrontation de points de vues. Le souvenir de très belles rencontres aussi. Et j’aime lire les quelques blogueurs qui restent fidèles. Il ne m’en reste plus beaucoup, mais j’y suis très attaché et leurs textes continuent de me marquer plus que tout ce que je peux glaner ça et là. C’est plus reposant, plus construit, moins énervé ou outré. C’est plus exigeant aussi, parfois. Tristement, la liste est rapide à faire : il me reste matoo, Éric, Tristan et Virgile en français. Et Kottke en anglais, pour faire simple.

Et si le parallèle est un peu douteux, j’aime aussi écouter les gens. J’ai découvert les podcasts par la radio en différé (essentiellement France Inter et France Culture), mais j’y ai depuis retrouvé un peu de l’énergie qui nourrissait la blogosphère il y a 15 ans. Si la radio reste un média redoutablement efficace dans ce format (je pourrais passer des heures à écouter l’émission de Sonia Kronlund, Les Pieds sur terre), c’est également très propice aux rencontres et aux croisements. C’est ainsi que, alors que mon temps de trajet (propice à l’écoute plus qu’à la lecture) a quasiment disparu en un an, la liste des podcasts que je suis n’a fait que s’allonger. Sont ainsi arrivés dans mon univers tous les gens merveilleux de chez Binge Audio, et quelques-uns de Nouvelles Écoutes. Et plus récemment les marseillaises de YESSS et la très éclairante Julie Beauzac (dont le podcast a l’un des noms les plus classe). À mesure que j’écoute les uns et les autres, j’en ajoute plein de nouveaux. Et je suis retombé dans la même difficulté qu’avec tout le reste : dégager du temps pour tout écouter.

On oublie, disais-je, et ça se ressent. C’est compliqué d’articuler tout ça, de faire un texte avec un début, une fin et de la structure. Mais comme ça n’est ni une dissertation, ni une obsession des Jours, tant pis si c’est un peu brouillon. Et espérons que ça soit plus une remise en jambe qu’un énième faux départ.

mercredi, juillet 29 2020

A little bit of this...

Un peu de musique, un peu de lecture, un peu de soleil, un peu de vélo.
Quelques verres entre ami·es, plus jamais de métro.
Un petit peu de tout, un petit peu de vous.
Mais pas trop, faudrait pas disperser coco.

(bientôt je ferai des phrases avec des verbes et des vrais mots. Quand j’aurai un peu de temps disons, d’ici plein de dodos.)

PIL#155 A little bit of this…

lundi, juillet 20 2020

Calme et tranquille

Quelques morceaux calmes pour rester détendu·es et concentré·es.
Quelques chansons variées pour garder le sourire en dépit de l’état du monde.
Quelques enchainements improbables, parce que c’est meilleur comme ça.

Et quelques mots dans le vide, pour combler les blancs.

PIL#154 Calme et tranquille

mardi, juin 30 2020

Show me love

Je découvre les Tiny Desk Concerts, produits par NPR depuis 12 ans. J’ai d’abord pensé que Chryde avait déménagé à New York et changé le nom des concerts à emporter, mais en fait pas du tout. Mais au fond tout ça n’a aucune importance.

Ce qui reste, en revanche, ce sont ces 27 minutes d’Alicia Keys. Je ne l’ai jamais vraiment écoutée, mais cette petite session me donne très envie d’aller plus loin.

mardi, novembre 21 2017

Astre mort

L’Académie est un astre mort, elle n’a heureusement plus de pouvoir de nuisance. Rappelons que la Révolution l’avait dissoute à juste titre, et que Napoléon l’a ressuscitée, comme beaucoup d’oripeaux de l’Ancien Régime. Rappelons aussi que son rôle prescrit par la monarchie était de publier une grammaire, ce qu’elle n’a jamais été capable de faire, et de renouveler son dictionnaire périodiquement, ce dont elle se montre incapable. La « Compagnie », c’est surtout celle des bras cassés.

Extrait de l’article “de l’écriture inclusive et Compagnie”, par les correcteurs du Monde

mercredi, octobre 11 2017

Tout le monde savait

Le fait même de dire aujourd’hui « tout le monde savait », ça renforce les mécanismes de silence finalement.
Pourquoi est-ce aux victimes, aux personnes qui ont été les plus touchées, qui sont traumatisées, de parler ?
Si tout le monde savait, il y aurait dû y avoir des personnes assez courageuses pour réaliser, des personnes qui auraient dû se détacher aussi de leur intérêt financier, de leur intérêt professionnel.
« Tout le monde savait », finalement c’est une violence supplémentaire pour toutes les victimes et les potentielles victimes. Parce que si tout le monde sait, ça veut dire que tout le monde fait le choix de vous murer dans le silence et dans la violence.

Raphaëlle Rémy-Leleu, interrogée par Hélène Roussel dans le 5/7 de France Inter au sujet de l’affaire Weinstein

jeudi, avril 27 2017

Voter

Je sais que je vais voter parce que le choix est restreint. Il n’est plus question de vote stratégique ou de vote de confiance. Il n’est pas question de faire une sélection. Il s’agit juste de savoir lequel des deux je préfère.

Leurs choix sont si différents qu’il me parait inimaginable de dire que « ça reviendra au même ». Et si ça ne revient pas au même, alors je veux choisir.

(…)

Je sais pour qui voter parce que l’un des deux agit contre les minorités tandis que l’autre se contente de négliger ceux qui ne sont pas de sa caste préférée. Je sais pour qui voter parce que l’un des deux cherche à ouvrir le pays et l’autre à le fermer. Je sais pour qui voter parce que la gradation des dommages n’a rien à voir.

Je sais pour qui voter parce que, même si je pense qu’il est dans l’erreur, l’un croit que son programme apportera un mieux à tout le monde tandis que l’autre cherche d’abord à exclure et à segmenter.

Tout ça ne fait aucun doute pour moi. Je préfère celui qui ignore la souffrance des autres à celle qui distillera la haine.

Éric / survol.fr - Je sais pour qui voter (seconde édition)

Un tag, un mur, un message

mardi, février 14 2017

OK Conductor

L’exercice du mashup, qui consiste à mélanger deux musiques pour en faire une improbable troisième, m’a toujours laissé perplexe. Prenez par exemple NirGaga, utilisant les voix de Smells Like Teen Spirit sur la musique de Poker Face : est-ce génial ou terrifiant ? Un peu des deux ? Mon coeur balance. Et dans cet exemple précis, c’est difficile à assumer pour les fans de Nirvana comme pour les fans de Lady Gaga (partons du principe - totalement mensonger - que l’intersection des deux ensembles de fans est vide, histoire de ne pas perdre la face).

Jusqu’ici cependant, je n’avais été confronté qu’à des mixes de ce qu’on pourrait appeler abusivement des morceaux mainstream. Et tout à coup bam! Steve Hackman est venu chambouler l’ordre établi. Voici que Brahms rencontre Radiohead, le tout joué en live par un orchestre symphonique. Résultats je ne sais toujours pas quoi penser des mashups, mais j’ai écouté ça plusieurs fois en intégralité et vous devriez en faire autant.

jeudi, janvier 12 2017

Comme une envie d'omelette aux fines herbes

Je ne sais plus comment je suis tombé sur cet article du New York Times - There’s the Wrong Way and Jacques Pépin’s Way, mais il m’a curieusement marqué. Et donné envie de manger cette omelette de Jacques Pépin - celle qui est en photo dans une assiette bleue et qu’il cuisine dans la vidéo en bas de l’article.

Ayant suivi avec un peu trop d’assiduité les diverses émissions de cuisine diffusées à la télévision, je ne m’étonne plus trop d’avoir faim en regardant un chef travailler. En revanche, je suis toujours émerveillé par cette capacité que certains ont à maîtriser tellement les basiques qu’ils en deviennent alléchants. J’ai mangé des dizaines d’omelettes, mais jamais ça ne m’a réellement fait envie. J’en ai cramé des dizaines aussi, et bien évidemment ça fait encore moins envie. Mais visiblement, je passe à côté de quelque chose de potentiellement délicieux et je vais peut-être devoir reconsidérer ce plat. Comme tant d’autres.

Bien, je vous laisse, je retourne affuter mes couteaux…

jeudi, décembre 22 2016

The Last Unknown Man

Certains d’entre-vous ont peut-être déjà entendu parler de Benjaman Kyle, trouvé inconscient près d’un Burger King et n’ayant absolument aucune idée de ce qu’il avait bien pu faire les 30 dernières années. N’ayant pas non plus le moindre souvenir de son vrai nom ou de sa famille. The New Republic a publié en novembre un long reportage retraçant toute l’histoire, et c’est passionnant.

We live in an age of extraordinary surveillance and documentation. The government’s capacity to keep tabs on us—and our capacity to keep tabs on each other—is unmatched in human history. Big Data, NSA wiretapping, social media, camera phones, credit scores, criminal records, drones—we watch and watch, and record our every move. And yet here was a man who appeared to exist outside all that, someone who had escaped the modern age’s matrix of observation. His condition—blind, nameless, amnesiac—seemed fictitious, the kind of allegorical affliction that might befall a character in Saramago or Borges. Even if he was lying about his memory loss, there was no official record of his existence. He lived on the margins, beyond the boundaries mapped by the surveillance state. And because we choose not to look at individuals on the margins, it is still possible for them to disappear.

Extrait de l’article “The Last Unknown Man” sur New Republic

mercredi, août 24 2016

Big Glass Cases

C’est un texte un peu vieux au sens communément admis sur Internet : il date d’avril. C’est un texte long aussi, très long même, un photo-reportage. Et c’est un texte étranger, qui ne parle pas nécessairement immédiatement à tout le monde. Ça se passe à Napoléon, un village du Dakota du Nord.

Et pourtant c’est un joli texte, qui avec un tout petit effort se transpose facilement. Un texte qui part d’une question simple : comment est-ce que l’apparition d’Internet a changé notre façon d’appréhender le monde ? On y parle pas trop d’Internet pourtant, plutôt de Napoleon et de ses habitants, de ses écolier·es surtout. Au cours de ma lecture, j’ai une fois ou deux remplacé Napoleon par le nom de villages français (Le Breuil, La Chapelle Gaudin…), et si on fait abstraction du climat, ça fonctionne assez bien.

Arrivé au terme du voyage, j’ai eu, brièvement, envie de rentrer chez moi. Ce chez moi qui n’existe pas, sur lequel je ne peux pas mettre de nom. Un chez moi tout petit, perdu, calme, ennuyeux souvent. J’ai pensé à mes vieilles amitiés, dispersées dans le monde. J’ai trouvé ça beau, et j’ai eu envie de partager.

We may have occupied the same exact classrooms, memorizing the elements from the same periodic table, but their world is composed of different compounds. Like Holden’s kid sis, Phoebe, they are free radicals, unburdened by the angst of seeing a world outside the glass case they cannot know. When asked about their destiny, both Jaden and Katelyn see the future as the past, bundled up on the prairie, nurturing children who will farm the land of their parents’ parents’ parents.

Unlike me at that age, they have seen outside the glass. They know what’s what. They know who made who. They even have a nice word for their environment — community.

Extrait de l’article “Netflix and Ch-Ch-Chilly” sur Backchannel

jeudi, août 4 2016

Apocalypses

Il y a eu, d’abord ce monde étrange dans lequel l’humanité était confinée à des camps éclairés en permanence, entourés de murs. Une inversion du monde où nous étions ceux qui tentaient de survivre à un prédateur mal défini. Une espèce de surhumains curieusement photosensibles, que nous avions créée malgré nous avant de manquer disparaître. C’était opprimant, parfois, mais touchant, haletant, et ça me changeait des essais et des classiques. Ça s’appelait la trilogie du Passage, et j’attends encore le troisième pour terminer mon périple.

Et puis il y a eu ce huis clos de 144 étages, sous terre. Encore une tentative de survie, mais pas d’autre prédateur que nous-mêmes. Une histoire d’abord dense, construite, qui s’étiole et se délite un peu avec chaque nouveau volume, mais qu’on lit le jour, la nuit, dans le métro, dans la salle de bain, jusqu’à ce qu’on ait le fin mot de l’histoire. Encore une trilogie, celle de Silo.

Dans les deux cas, le style n’a rien d’exceptionnel. Mais c’est probablement pour ça qu’on a du mal à faire une pause. Les personnages sont parfois un peu trop : trop faibles, trop sûrs, trop chanceux, mais on s’y attache immédiatement. Certains stéréotypes perdurent, et rendront sûrement la lecture un peu pénible à nos petits-enfants, mais on trouve au moins deux héroïnes omniprésentes : la première est une guerrière casse-cou, l’autre une mécanicienne de génie. Elles ont une histoire, un futur, s’attachent à des hommes sans qu’ils ne leur volent leur vie ; ce sont de véritables personnes, et ça fait un bien fou.

Comme souvent avec les livres qui me marquent, ces histoires de presque fin du monde continuent bien au delà de la fin du livre. Ça trotte, ça tricote, ça gamberge et ces beaux arcs narratifs se transforment en rêves et rêveries.

Et au final, des rêves et de l’espoir, c’est pas mal comme programme en ce moment non ?

vendredi, décembre 18 2015

Heim

Toujours plus au sud,
tu suis la ligne bleue,
Jusqu’à ce qu’elle disparaisse.

Un peu plus près du ciel,
Et te voilà
Chez toi.

mercredi, décembre 9 2015

S'écouter

À quinze ans, à vingt peut-être, il m’est arrivé d’écouter un album jusqu’à ce que je l’aime. Ça n’a pas toujours été facile, mais c’est à ce prix qu’on se construit.

Aujourd’hui, il m’arrive plus souvent d’aimer un album jusqu’à ce que je l’écoute.

lundi, décembre 7 2015

Lignes

“Pont au change”. C’est quand même un drôle de nom, un truc à hurler des paroles des Deftones. Sauf qu’en y arrivant, t’as tellement été compressé que tu n’as plus d’air dans les poumons. Alors tu fais tes réserves en attendant l’Opéra.