Quand j’ai ouvert les yeux, le monde avait changé.
Au milieu du mois d’août, je crois qu’il a neigé.
Il n’y avait plus personne aux terrasses des cafés
Et tous les magasins étaient fermés.
On aurait dit la guerre, ou bien un jour férié
Sans repas de famille et sans électricité.
Il n’y avait rien à faire
Et rien n’a été fait
Il n’y avait rien à faire
Incroyable mais vrai. ♫
J’ignore la date exacte. C’aurait été difficile de toute façon ; tout s’est passé au milieu d’un brouillard indéfinissable. Dès le départ je pouvais dire exactement comment et avec qui ça allait se finir, mais il m’a fallu attendre quelques mois pour oser en parler. Quand l’automne est arrivé, le rideau était déjà tombé. J’ai fêté mon anniversaire dans un village allemand, avec pour seul horizon le mur de ma chambre d’hôtel.
Je me revois ensuite flotter complètement à côté de mes pompes, en plein mois de décembre. M’avalant film sur film sur film au cinéma de Boulogne. Refaisant ma garde-robe et essayant tant bien que mal de garder un semblant d’entrain en société. Et puis je me rappelle de cette soirée à l’assassin, où entouré de trois d’entre elles je me suis senti vraiment bien pour la première fois depuis longtemps.
Il y a eu Noël, au milieu d’une série de fuites en avant. Il y a eu le réveillon, et lui qui m’a sauvé la vie. Et puis il y eu cette inconnue qui m’a remis d’aplomb, un peu. C’était la première que j’embrassais, et c’était doux. C’était la dernière, aussi, mais c’est la vie. A la fin du mois de janvier il a neigé et je buvais du café.
Mars, avril, mai, juin, juillet, août et c’est déjà septembre. Le rideau s’ouvre, et les feuilles tombent.
Quand j’ai ouvert les yeux, le monde avait changé.
Au milieu du mois d’août, zéro degré.
Il y avait un grand feu dans la rue d’à-côté,
Apparemment les gens voulaient se réchauffer.
Penser à autre chose
Parler un peu de tout
Parler un peu c’est bien
Et ça ne gâche rien.