Une belle fille comme toi

Ballon "air de Paris", parc André Citroën, Paris, juillet 2010

On vivait chacun à des centaines de kilomètres, soudés par des électrons libres. Et par l'adversité, un peu aussi. On cultivait notre jardin zen et nos névroses, on tournait pas mal en rond en prenant bien garde de ne pas nous regarder trop le nombril. On sautait dans les avions comme dans des flaques et on fermait un peu les yeux aux décollage pour se projeter plus vite vers l'arrivée.

Il nous manquait tous quelque chose bien sûr. Et dès que l'un partait, l'absence des autres lui brûlait un peu la gorge. Mais à deux comme à six, on rêvait en commun et ça nous faisait de jolis sourires. On avait un peu troqué nos carapaces pour de la musique, nos histoires d'amour pour des nuits blanches et une vie confortable pour des métiers usant.

Certains s'en sont allés quand d'autres revenaient, et leurs fils continuent de se croiser et s'entremêler. Malgré les tensions et les trous dans les chaussettes, on continue de tisser. Les notes virevoltent, le code a changé mais il y aura toujours une carapace bleue pour rattraper le premier s'il prend le large.

On vivait chacun à des centaines de kilomètres, comme des électrons libres, et presque rien n'a changé. La vie continue, un peu plus belle, avec eux, avec toi.

Une belle fille comme toi