Obsessions

Gin & Russian Wild Berry Tonic, Berlin, juillet 2009

J’aime bien être cruel dans mes jugements musicaux. Cruel et tranché. Ça choque parfois les gens, surtout quand je commence à expliquer combien je méprise Gainsbourg, mais ça a le mérite de lancer des débats. Rien de plus ennuyeux que de se caresser le torse en tombant d’accord sur le génie musical (qui de toute façon est représenté par la trinité Homme / Keenan / Patton et le dieu Reznor) (oui il y a au moins deux instances de dieu et alors ?).

Ceci étant dit, je suis très loin d’être imperméable à la nouveauté, et il m’arrive parfois de changer d’avis ; la preuve j’écoute Pink Floyd et Chicago. D’ailleurs, selon la théorie sauvage n°341, il suffit d’écouter en boucle un album qu’on n’aime pas du tout pour finir par l’apprécier (il existe un corolaire pour le reggae, les Beattles, et les trois B, mais nous en reparlerons ultérieurement). Que celui qui n’a jamais écouté Avril Lavigne toute une journée me jette le premier caillou. Ouch. Aïe. Hé ! Stop, ça suffit, j’ai compris !

Bon, mais malgré tout, si on est sérieux deux minutes, quand on n’est pas obligé de se forcer à écouter un CD pour l’aimer, c’est quand même autre chose. Théorie sauvage n°267 : certaines chansons sont tellement bonnes qu’elles te sautent à la figure et te dévorent les tympans au moment où tu appuies sur lecture. T’as beau être chez un client hyper sérieux, habillé en costard et tout, tu peux pas t’empêcher de faire de l’air-guitar sur ton clavier et tordre des fesses sur ton fauteuil en cuir. Certains vont même jusqu’à faire du voice-guitar, tiki-ouaaa-ouah-tiki-ouah-wah-tiki-tiki-tiki. (Bulls on Parade, bande de loutres !)

Si on combine les deux théories, on en arrive à une loi générale, illustrée par le scénario suivant : tu mets le disque dans le lecteur à 14h03, en revenant de chez ton dealer de musique habituel, et là bâm, il est 23h37 et c’est toujours le même disque qui tourne. Pire, t’as fais repeat-1 à 14h05 et t’as écouté qu’une seule chanson depuis (laisse-moi te dire, t’as raté) (ah et y’a ton voisin qui sonne, il commence à criser) (t’as encore poussé le volume à 11).

Cette loi, jeune lecteur (tout le monde est jeune maintenant que je suis vieux, t’entends ?), c’est la loi sauvage n°378, dite de l’obsession compulsive : toute chanson jouée plus de trois fois de suite finira à terme par pourrir tes statistiques last.fm, agacer profondément toute personne se trouvant dans la même pièce que toi, faire fuir l’être aimé, te faire perdre ton travail, faire sortir les mauvais numéros du lotto et faire hurler les loups à la mort.

Et accessoirement, elle finira dans la playlist de la semaine : obsessions

Commentaires

1. Le mercredi, novembre 18 2009, 14:00 par Kasparov

Comme je te comprends.

2. Le mercredi, novembre 18 2009, 22:19 par frederique/fredoche

regina spektor, calculation. c’est mon dernier mot pour ce soir.