Histoires d'eau


La scène se déroule à Berlin, dans la maison du sauvage. Il fait très chaud, rendant tout contact avec le faux cuir d’une chaise de bureau parfaitement insupportable. Sauvage est en boxer et en sueur ; il souffle une fois de plus dans les tubes de communication électronique.

Sauvage — Mmpppfff, j’ai envie d’aller à la plage. Plââââââge. plage plage plage plage plage. De l’eau, du sable et un beau bronzage pour le sauvage.
Nietzsche — Le désir est signe de guérison ou d’amélioration. Vivre de telle sorte qu’il te faille désirer revivre, c’est là ton devoir.
Sauvage — C’est bien beau tout ça, mais ca ne me dit pas quand je vais me baigner. Dites les amis, ça vous intéresse ? Vous êtes dispos quand ? Je peux débarquer chez vous, jouer avec votre chat, boire toutes vos bières et manger vos glaces ? Promis j’arroserai les plantes vertes en échange.

***

Sauvage laisse Friedrich monologuer et se téléporte dans un bar irlandais. Tout le monde parle très fort, et le barman explique que le saucisson sec est bien meilleur quand il est arrosé de jus de citron vert. Sauvage est en costume et traîne une grosse valise, un sac à dos, un ordinateur portable et un début de rhume.

Dompteuse de Dragons — Hééééé, t’es là ! Tiens, voilà les clés. Ah et tu connais tout le monde dans le bar, je crois ?
Sauvage — Chuut, je suis ici incognito. Je vais aller me changer et je reviens d’accord ? (un aller-retour en taxi plus tard) Tadaaaaa!
Grande Schtroumphette — Sauvaaaaaage ! T’es arrivé ! On boit un coup ? Pendant ce temps là je te brieferai sur les vannes allemandes, y’a article fascinant dans le supplément rire de Courrier International.
Sauvage — Ils ont dû confondre, les allemands n’ont pas d’humour. Leur truc c’est les voitures plutôt.
Grande Schtroumphette — Nan regarde, les anglais disent que Helmut Vögelsteinstoß est l’homme le plus drôle depuis Hitler

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Le bar s’efface et laisse place à l’intérieur d’une twingo vibrillonante de mille éclairs, lancée à cent-vingt-neuf kilomètres à l’heure. Sauvage, Miss Bigouden et Grande Schroumphette rejouent une scène culte de Wayne’s World.

Sauvage — Il faut que je vous avoue, je ne connais pas Supertramp
Grande Schtroumphette — Naaaan, impossible ! Tiens ben j’ai un best of là, écoute et instruis-toi
Sauvage(chante à tue-tête sur toutes les chansons)

***

Trouville. Les mouettes crient, probablement effrayées par le soleil qui joue à chat avec les nuages.

Grande Schtroumphette — On est à la plage, il faut manger des crêpes ! C’est la règle.
Miss Bigouden — Mais on est en Normandie, c’est breton les crêpes !
Sauvage - En même temps j’aime autant ça que de me taper un claquot en plein cagnard. Bon mais si on se faisait une cassolette de noix de saint Jacques plutôt ?
Grande Schtroumphette(imperturbable) je suis désolée mais à la plage on mange des crêpes. Au fait, il faudra aussi faire une photo de notre ombre.
Sauvage(taquin) Il est midi, autant photographier nos pieds
Grande Schtroumphette — non mais plus tard, banane !

***

Sauvage(s’ébrouant) Elle est trop bonne, vous devriez venir vous baigner !
Grande Schtroumphette — T’es fou elle est gelée. T’as du sang breton toi, hein, avoue ?
Miss Bigouden — Désolée mais je ne vois pas le rapport.

***

Un couple s’enlace au pied d’un phare. Le garçon embrasse la fille avec passion, les yeux fermés. Elle se met à taper un texto.

Miss Bigouden — C’est vachement beau la Sicile en fait.
Sauvage(concentré, l’œil collé au viseur de son réflex) Ah ouais ? Pourtant ca n’a Palerme comme ca.
Grande Schtroumphette — Tu photographies son orteil ou ma Converse là ?

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Miss Bigouden et Grande Schtroumphette émergent d’une sieste de 3 heures, avec chacune un coup de soleil sur la cuisse.

Sauvage — Bien dormi ? Bon vous venez, on va prendre des photos cool, y’a du soleil et des flaques d’eau ça va être génial
Miss Bigouden, Grande Schtroumphette(en chœur) Sauvage, t’es hyperactif à la plage !

***

Nietzsche(étouffé, la communication depuis Berlin étant mauvaise) Il suffit de forger des noms nouveaux, de nouvelles appréciations et de nouvelles probabilités pour créer à la longue aussi des “choses” nouvelles.
Sauvage — En attendant j’ai passé un super weekend. Et encore, je t’ai pas parlé de ma course-poursuite en pleine nuit avec un livreur de pizzas, du brunch du lendemain avec Jolie Baleine, et de l’échouage subséquent sur les quais de la Seine.
Nietzsche — La mère de la débauche n’est pas la joie mais l’absence de joie.
Sauvage — Oh ta gueule à la fin, si tu continues je te raconte les dix dernières minutes de Blade.

Commentaires

1. Le lundi, août 10 2009, 01:05 par Flaoua

Grande Schtroumphette : Ca s’appelle le Quai de la Seine mais en vrai c’est le Canal de l’Ourcq. Qu’on ne me demande pas pourquoi.
Sauvage : Tu chipotes là.
Grande Schtroumphette : Je chipote si je veux et pis d’abord cesse de finasser et fais péter les photos.

2. Le lundi, août 10 2009, 07:24 par Freud

/slap Nietzsche

Pon, mais parlez-moi encore votre maman, z’il vous plaît.