Staring at the Sea

Pointe de Penn Hir, Finistère Nord, août 2010

Le dos contre la falaise, je regarde l'océan se fracasser quelques mètres plus bas. Une mouette menace de me piquer mon déjeuner, le soleil est en train de me cramer le visage, pendant qu'un caillou un peu trop pointu laisse sa marque dans la poche arrière de mon pantalon. Une vague m'éclabousse et je passe ma langue sur mes lèvres pour en goûter le sel. J'aimerais bien être un de ces gros rochers, taillé à la serpe, stoïque face à l'acharnement de la mer.

Ici l'eau est verte, parfois. S'il fait trop beau elle vire au bleu, et dès l'automne elle s'habille de gris. Telle un réplique démesurée des yeux qui fixent l'horizon à côté de moi. La marée monte, et avec elle mon envie de me jeter tête la première dans un rouleau. Un nuage assombrit le ciel et je frissonne.

PIL #61 Staring at the sea

On entendait la mer, comme une avalanche sans fin, le tonnerre incessant d'un orage né d'on ne savait quel ciel. Elle ne s'arrêtait pas un instant. Ignorait la fatigue. Et la clémence.

Quand tu la regardes, tu ne t'en rends pas compte: le bruit qu'elle fait. Mais dans le noir... Toute cette infinitude alors n'est plus que fracas, muraille de sons, hurlement lancinant et aveugle. Tu ne l'étreins pas, la mer, quand elle brûle dans la nuit.

Alessandro Baricco - Océan Mer

Commentaires

1. Le samedi, octobre 2 2010, 13:49 par frederique

ai adoré le bouquin. comme tout baricco, en fait. Avant hier dans la librairie d'occasion perdue dans les poppies gang de Kuta, yavait novecento:pianiste. Failli le prendre, mais ca restera un acte manqué.
et j'aime l'intertexte de ton billet.