Après plus de quatorze heures d'avion, nous sommes bien arrivés à Bangkok. Rien ne ressemble plus à un aéroport qu'un autre aéroport, et pourtant... cette fois c'est différent. Ne serait-ce que parce qu'avec nos têtes, il va nous être impossible de nous fondre dans la population locale. De fait, on se fait gentiment sauter dessus dans un anglais approximatif par une horde de faux taxis qui squatte le hall. On affiche un sourire benoît, et on se dirige vers la station, à l'extérieur.
La porte s'ouvre et je me prends ma première baffe. Il est 18h45, il fait 35°C, c'est la nuit et je n'ai jamais respiré un air aussi lourd et moite de toute ma vie. Après un enregistrement et dix petites minutes, on saute enfin dans une voiture rose, et on demande au chauffeur d'activer le taxi-meter et de nous déposer à l'hôtel Asia.
Pendant le trajet on papote avec le conducteur, nos gros bagages sur les genoux. On découvre ou redécouvre la banlieue de la ville, parsemée de publicités géantes pour des pneumatiques ou pour des appartements de luxe. Au moment de payer le péage, on réalise notre première conversion mentale baht-euros du séjour ; je n'ai pas encore trop idée de ce que ça représente, mais je vais vite comprendre que j'aurais pu manger quelques repas avec cette somme.
Le taxi nous lâche à côté de l'hôtel, dont le hall ressemble à un restaurant chinois kitschissime. On nous explique que notre carte bleue n'est pas une carte de crédit, malgré le logo Visa bien visible. On était prévenu, et on insiste, mais on finira par régler en cash. On prend possession de nos chambres, en faisant un effort pour ne pas nous coucher tout de suite. La piscine nous fait de l'oeil par la fenêtre, mais il est trop tard pour piquer une tête.
Direction le MBK, pas trop loin. Le food court ferme, on se replie sur une fondue coréenne. P. et F. semblent un peu déçus, et on convient d'aller manger un truc dans la rue après ça. En chemin, on passe sous la structure imposante du sky train. Je sors mon appareil photo, mais il me faudra bien une heure avant qu'il ne s'acclimate à la ville : une épaisse couche de buée s'est fixée sur le verre de l'objectif. On traîne un peu dans la rue, on s'achète un Phad Thaï, des brochettes et des fruits, et on prend notre deuxième repas au coin d'une rue, assis sur un rebord en béton.
Il est un peu plus de dix heures, la ville grouille de vie. Les gens parlent fort, les voitures klaxonnent au milieu d'un embouteillage géant et un enchevêtrement de câbles électriques menace de nous tomber sur le coin de la figure. Je suis complètement perdu : je n'ai aucun repère dans cette énorme ville et bien que beaucoup de choses soient écrites en anglais, l'alphabet-nouille Thaï ne cesse de m’interpeller. J'ai hâte d'explorer un peu plus la ville, mais il serait raisonnable de dormir un peu avant. On rentre, F. allume la télé pour regarder les informations. L'image est floue et le son distant, depuis le creux de mon oreiller.