Bangkok 15

Bangkok, Thailande, octobre 2009

Ce matin on prend un taxi avec L. pour aller visiter le Wat Pho et le Grand Palais. Pendant deux à trois heures on déambule, un peu incrédules, au milieu de bâtiments recouverts d'or, de mosaïques à rendre épileptique un daltonien et de statues de Bouddha géantes. Sauf le Bouddha d'émeraude, ou de jade, ou de jaspe je ne sais plus, qui est à la Thaïlande ce que le Manneken Pis est à la Belgique. On tourne aussi un bon quart d'heure autour du Grand Palais sans en trouver l'entrée, et tous les cent mètres un local nous explique que c'est fermé, mais qu'il nous fera faire une visite à 16h si on le souhaite. Prévenus d'avance, on continue notre petit bonhomme de chemin en souriant et en suant.

Tout ça est très impressionnant, mais on atteint rapidement le point où le bling bling prend le dessus sur l'architecture, et on sature grave. Ce qui tombe bien puisqu'on n'a pas prévu d'y passer la journée. On saute dans un taxi au hasard, direction le quai Thewet. Mais le conducteur ne parle pas un mot d'anglais, ne connait visiblement pas la ville, et ne sait pas lire une carte. On gesticule alors qu'il roule un peu au pif, ayant vaguement compris "Ayutthaya" quand on lui a désigné la rue. Au pire on se dit qu'on finira à pied, mais on suit quand même le trajet que fait notre chauffeur sur la carte qu'on a pris soin d'apporter. J'ignore comment, mais on finit par arriver au bon endroit, presqu'à l'heure pour retrouver P. et F. qui sirotent un Watermelon Juice à l'ombre.

Bangkok, Thailande, octobre 2009

Au bord du Chao Phraya, les gens vendent des croutons de pain en gros sachets. On nous explique que nourrir les poissons donne du bon karma, et on s'exécute. Une horde de poissons-chats transforme la surface tranquille du fleuve en un tapis vivant. Je n'ai jamais rien vu d'aussi impressionnant, et je me demande avec un brin d'angoisse ce qu'il adviendrait de moi si je tombais à l'eau. Histoire d'imiter les poissons, on se dirige ensuite vers un petit restaurant au fil de l'eau.

L'endroit est parfaitement improbable. Il nous a fallu traverser un pont de fortune à moitié inondé pour y arriver, et je me suis demandé un instant si P. savait vraiment où il allait. On passe par les cuisines pour atteindre une grande terrasse en bois. Une serveuse Katoey prend notre commande et on fait un peu les gourmands en commandant 1kg de grosses crevettes grillées, quatre poulet-cajous, un curry vert et quatre Singha géantes. Une fois le repas englouti, on hésite à commander la même chose. On fait bien de s'abstenir : il est 16h, le niveau de l'eau a monté et on doit emprunter un autre chemin pour quitter l'endroit, mettant en péril chaque planche à cause du surpoids. Et on est tous un poil pompette.

Bangkok, Thailande, octobre 2009

En fin de journée on migre vers l'Amari Watergate, notre nouvelle maison cinq étoiles. On se fait surclasser en executive, ce qui nous assure une vue imprenable sur la ville et un accès exclusif et gratuit au bar tous les jours à 18h. Ça ne va pas arranger notre foie tout ça. On lance une tournée de Martini-Gin, et F. y ajoute un jus de pomme - pour le rendre buvable soit disant. P. est malade, il a dû trop manger. On dîne en comité réduit à l’hôtel, et on part se balader avec F. Deux heures plus tard, on s'arrête sur le bord de la route pour manger un khao niao ma muang - un riz gluant au lait de coco recouvert d'une tranche de mangue fraîche - en refaisant le monde.

Et croyez-moi ou non, mais une bouchée de ce dessert improvisé justifie à elle seule le voyage.