Play it louder

De la musique, des sons et des harmonies au milieu de ma cacophonie.

mercredi, juin 1 2011

Leapfrogging

Grenouille (Origami), Paris, mai 2011

Il y a des périodes où tu fais du sur-place, t'as juste envie de te réfugier sous ta couette et regarder les nuages défiler.
Si rien ne bouge, le ciel devient rouge.

Il y a des moments où tout va trop vite, tu fais des bonds en avant sans même prendre le temps de regarder ce que tu laisses derrière.
Pas le temps de regarder, mais c'est moi qui les fais.

Et puis il y a des petits instants indéfinis, où tu profites juste de la vie.
Calmes et tranquilles, calmes et tranquilles.

Ce matin je continue de peser, poser pour mieux aller de l'avant.
Longue attente avant de s'élancer

PIL #95 Leapfrogging

mercredi, mai 11 2011

Bar Trooper

Decatur St., New Orleans, LA, avril 2011

Ça fait un mois que je pense à vous servir l’album Wasting Light comme playlist.

Le problème, c'est que ce disque vous retourne la tête ; un beau matin vous vous levez et vous ne parlez plus que de ça. Vous avez envie d'écouter White Limo au petit déjeuner rien que pour hurler en choeur avec Dave, vous chantez Dear Rosemary sous la douche et vous entonnez A Matter of Time chaque fois que vous regardez votre montre. Vous emportez l'album partout avec vous histoire de pouvoir forcer encourager vos amis à l'écouter. Bref. Vous êtes devenu Foo.

Pour des raisons sanitaires évidentes j'ai donc opté pour une solution moins radicale.

PIL #93 Bar Trooper

Ceci dit, si vous pensez être immunisé contre le Foo, considérez donc Wasting Light comme un PIL#93bis, et écoutez-le au moins deux fois de suite.

Bien sûr que c'est un ordre.

mercredi, mai 4 2011

Insomnies

Balcon, Nouvelle-Orléans, avril 2011

Il est quinze heures, tes paupières tombent. Tu mets ça sur le compte du train, le sale train du matin qui part toujours un peu plus tôt, toujours un peu trop loin. Tu détends le noeud de la cravate pour mieux ravaler ton sommeil, tes doigts glissent sur le clavier et la caféine réussi à te sortir de ta torpeur.

À dix-neuf heures, tes yeux brûlent. Tu jettes ta valise dans un coin de la pièce et tu tombes tout habillé sur un matelas défoncé. Le corps a lâché, ton esprit vagabonde. C'est pas franchement une heure pour dormir mais bon.

Tu te réveilles en sursaut, la chemise froissée et les cheveux en vrac. Tu cherches vainement à distinguer les piaillements des oiseaux dehors, mais même en louchant sur les aiguilles rien n'y fait - il est minuit. Tu plies avec soin tes vêtements après avoir constaté qu'il est trop tard pour dîner. Tu enfouis ta tête sous la couette.

Un temps infini passe, pendant lequel tu te retournes mille fois. Tu as chaud, faim, et les yeux grand ouverts. À minuit vingt, tu te résous à regarder un film, de préférence un Godard ou un Chabrol histoire de vraiment forcer la main à ton horloge interne. Trois heures plus tard tu embrayes sur un que sais-je, sans grand résultat.

Tu t'écroules enfin alors que la lune songe à foutre le camp. Un battement d'ailes plus tard, ton réveil sonne. Tu enclenches l'auto-pilote en espérant que le monde n'y verra que du feu.

Il est quinze heures, tes paupières tombent. Garde les yeux ouverts. Garde les yeux ouverts. Garde les yeux ouverts.

PIL #92 Insomnies

mercredi, avril 27 2011

Southern Comfort

Jazz de rue, Nouvelle Orléans, avril 2011

Quand on est un peu inculte crasse, visiter le Rock & Soul Museum de Memphis permet de remettre pas mal de choses en perspective. Tu te rends compte qu'Al Green et Otis Redding tapaient le carton en grillant des cacahuètes, qu'Ann Peebles s'emmerdait réellement les jours où il pleuvait tellement qu'elle ne pouvait pas aller à sa soirée, et qu'après lui avoir filé de bon coeur son respect, Otis citait Aretha en concert. Un bien petit monde, décidément.

Au final, ce musée fait du bien. Et comme Elvis a le sien à lui, on ne te bassine pas trop avec sa vie son oeuvre. Ce qui, une fois que tu as bouffé du Nashville quelques heures, s'avère être une excellente chose. Après 4000km de la Louisiane au Tennessee, de l'Arkansas à l'Alabama, et jusqu'au fond du Mississippi, tu relis l'histoire en la croisant d'anecdotes et tu te dis qu'il reste un sacré chemin à faire.

Et tu remercies bien bas l'inventeur de l'autoradio en écrasant l'accélérateur.

PIL #91 Southern Comfort

mercredi, mars 30 2011

There's a pattern there to follow

Cher hypothétique lecteur, de quelle couleur sont les petits pois ?

Après une soirée d'euphorie, j'aime bien lézarder au soleil. Ou rester sous la couette.

Après une journée sous la couette, j'éprouve le besoin de faire quelque chose, n'importe quoi. Sortir.

Après avoir passé une semaine à enchaîner les déjeuners, apéros et dîners entre amis, j'aime bien me retrouver seul.

Après quelques heures de solitude, je meurs d'envie de voir du monde.

Ou de regarder une série. Ou de passer une soirée d'euphorie.

Ne soyez donc pas trop surpris si vous ne voyez aucun lien entre deux chansons. Laissez-vous juste emporter par les mélodies, sans réfléchir.

PIL #87 Moodswings

mercredi, mars 9 2011

The stars in our heads

Eclairage de concert, Klub, Paris, juillet 2010

1998, un peu au sud de Paris. Je suis en visite chez mon voisin préféré et j'entends un truc un peu étrange qui sort du lecteur CD. Ça ressemble à un morceau de 666,667 club qu'on aurait passé dans un filtre psychédélique, et c'est - de fait - le même musicien, Akosh. La pochette est jaune, un visage inquiétant fixe un point derrière mon oreille. J'ai un peu du mal à accrocher, mais ça n'entame pas trop l'enthousiasme de mon hôte.
« Tu verras après deux trois écoutes c'est génial » - il me glisse une copie de l'album, pour écouter au calme.

Au bout de la troisième écoute, j'accroche bien quelques morceaux. Malgré tout, j'ai vraiment du mal avec les passages de pur free jazz, ça me gâche un peu le plaisir. Je persiste, en bon sauvage. Quand Élettér sort un peu plus tard je ne sais toujours pas si j'aime ou si je déteste cette musique, mais la pochette me plait. Une seule écoute suffit à effacer mes derniers doutes, et le disque tourne quelques semaines sur ma platine.

2011, franchement plus au nord. La Blogothèque publie un concert à emporter de Colin Stetson. Je reste perplexe quelques minutes tellement l'ensemble me paraît improbable, mais je suis un peu scotché par la performance. Je me dis que ça fait bien longtemps que mon voisin préféré ne m'a pas collé un CD d'office dans les mains, et son aplomb me manque un peu.

PIL #85 The stars in our heads

mercredi, mars 2 2011

Saturated

Peinture écaillée sur un vieux mur, Lille, novembre 2010

À force de tourner en rond, fatalement, j'ai un peu de mal à trouver un angle. Ça n'est pas faute de chercher, pourtant. Tous les jours, je m'efforce de découvrir quelque chose de nouveau, d'écouter un genre, un artiste, un album que je ne connaissais pas. Mais même à ce rythme là, j'ai du mal à avoir un coup de foudre par jour. Ou, a fortiori, dix coups de foudre par semaine. Je tape donc, régulièrement, dans des albums que je connais bien et que j'aime beaucoup pour créer un ensemble cohérent, avec plus ou moins de succès selon l'instant et l'humeur.

Cette semaine, on sort donc les grosses ficelles et les grosses guitares, et on s'enchaîne un bon QoTSA et un Shipping News pour lancer la machine. Et comme c'est presqu'aussi difficile de finir que de commencer une playlist, on assure la fin avec Pandora's Black Book. Au milieu de tout ça, une moisson plus qu'honnête, récoltée avec patience pendant quelques semaines.

PIL #84 Saturated

mercredi, février 16 2011

♥ ♥ ♥

Marc Sens, Concert de Zone Libre à Rock en Seine, août 2009

Ce début de semaine étant placé sous le signe de l'amour, je vous propose une sélection musicale rouge sang pour coller à l'ambiance.

Au programme, quelques slows langoureux, de jolies mélodies toutes calmes, et des textes qui donnent envie de se blottir. Voyez donc comme je vous chouchoute, bande de petits câlinoux.

PIL #82 ♥♥♥

samedi, février 5 2011

Six Teens

Horloge de Géo, Kremlin-Bicêtre, septembre 2002

Quatre-vingt morceaux plus tard, on a fait un joli petit tour musical. Je ne connaissais aucun des cinq invités à 16 ans, mais il n'y a aucun doute sur le fait que vous vivions tous à peu près dans le même univers.

Moi sauvage, j'ai eu seize ans en 1996 (et j'ai donc vingt-six ans aujourd'hui). A l'époque, il me fallait faire plus de 100km pour trouver une FNAC, et me coucher à 4 heures du matin pour pouvoir écouter autre chose que de la soupe. La musique devait compter déjà pas mal pour moi alors, puisque je faisais les deux.

Derrière tous les groupes de cette playlist, il y a une petite histoire. Je suis tombé amoureux de Noir Désir à cause d'une fille très cool dont le frangin collait des affiches pour No One is Innocent. J'ai acheté un album de Pearl Jam et un autre de Killing Joke le même jour, complètement par hasard, chez Virgin sur les champs. Découvert Thiéfaine à la médiathèque municipale, et trouvé que roh, c'était drôlement choquant d'employer le terme "partouze" dans une chanson. Entendu Urban Dance Squad au beau milieu de la nuit sur Fun Radio. J'ai modélisé plein de scènes sous 3D Studio 4 en écoutant en boucle Temples of Boom. Roulé des pelles sur du Nick Cave, regardé rouler des pelles sur du Alice in Chains. Dégoté un petit groupe inconnu, les Smashing Pumpkins, sur une compilation avec un morceau caché de Nirvana, et trouvé ça super. Bref, je vois bien que je vous ennuie déjà.

1996 donc. C'est bien loin quand même.

PIL #80 Six Teens

vendredi, février 4 2011

5x16 - Chapelle sixteen

Horloge de Géo, Kremlin-Bicêtre, septembre 2002

Pour la dernière c'est Valérie - a.k.a. MmeMonstre, ou ^^V^^ pour les amateurs de pfuit pfuit - qui s'y colle.

J'ai passé des heures à causer musique avec ^^V^^. Des jours, peut-être bien. On s'est échangé plus de disques et de conseils musicaux qu'on n'a bu de bières ensemble, et pourtant on avait une belle descente. Si Nine Inch Nails caracole loin devant tout le monde dans mes statistiques last.fm, c'est très largement de sa faute. Si j'ai écouté le même album de VAST en boucle pendant plusieurs semaines, c'est de sa faute. Si Mylène Farmer est apparue deux fois sur mon blog cette semaine, c'est aussi de sa faute.

Dans l'ancien temps, elle tenait un chouette blog. Je vais quelque fois lui botter l'arrière train dans sa nouvelle ville d'adoption pour qu'elle reprenne l'écriture, mais jusqu'ici je n'ai eu qu'un succès limité (sauvage euphémisme).

J'avais les cheveux courts. Je passais mon bac français. J'avais un gentil petit crush pour mon prof de maths. Je partais en vacances en Angleterre. Je buvais des Monacos au pub à côté du lycée. J'écoutais Supernana à la radio. Je commençais ma première histoire d'amour un peu sérieuse. Je voulais être traductrice. J'avais 16 ans.

PIL 5x16 #5 - MmeMonstre : Chapelle sixteen

jeudi, février 3 2011

5x16 - Mes seize ans

Horloge de Géo, Kremlin-Bicêtre, septembre 2002

Attention vous allez vous prendre une petite baffe aujourd'hui, puisque c'est Bap qui passe à la programmation. Et quand il avait 16 ans, croyez-moi, la France vivait ses heures les plus noires. Musicalement parlant, s'entend.

Mais loin de renier cet héritage, Bap l'embrasse et ça rend les soirées karaoké bien plus fun en sa compagnie (pour le trivial poursuit en revanche, j'ai laissé tomber. Il chope tous ses camemberts avant que je n'aie pu ne serait-ce qu'essayer de répondre à une question). Ceci étant, n'allez pas croire tout ce que cette playlist vous raconte. Bap aime véritablement la musique, toute la musique, et il donne de sa personne pour vous le prouver au chant et au ukulélé, tout seul ou à deux gars.

La petite playlist de mes 16 ans vous montrera, outre mon vieil âge, ma tendance naturelle à aimer les chansons romantiques, les balades mièvres et la chanson française.

Mais je l'assume !

De Jil Caplan à Roch Voisine sans oublier François Feldman ou les Bangles, mon petit coeur vibrait déjà au rythme de ses battements.

Finalement ce n'est pas bien différent d'aujourd'hui où j'écoute Craig Armstrong, Ludovico Einaudi ou Damien Rice.

Ceci étant dit, vous vous régalerez de quelques perles comme "Voilà les anges", "Quand tu serres mon corps" ou même "I should be so lucky" (des mêmes producteurs que Rick Astley, Never gonna give you up)...

Vous retrouverez aussi des classiques : The Cure, Texas, Prince.

Finalement, ce n'était pas si mal mes 16 ans.

PIL 5x16 #4 - Bap* : Mes seize ans

mercredi, février 2 2011

5x16 - 16*16

Horloge de Géo, Kremlin-Bicêtre, septembre 2002

Ce mercredi je vous laisse en compagnie de Netsabes (/nɛt.sα.bɛs/), prince de la musique et empereur dieu d'Internet.

Discuter de musique avec nets est un exercice difficile ; il connait tous les groupes que tu écoutes, il en méprise un bon quart et illustre avec brio leur absurde nullité, et se paye le luxe d'être plus efficace que Last.fm pour te recommander des trucs que tu aimeras. Evidemment ça me convient plus que bien, et j'ai passé quelques nuits presque blanches à découvrir et redécouvrir des dizaines d'univers musicaux en papotant avec lui.

Faire, plus de dix ans après, une playlist de ce qu'on écoutait à 16 ans, c'est loin d'être évident. Il y a tous les groupes qu'on écoute toujours (Nirvana, RATM, Prodigy, PJ Harvey, Massive Attack, Tricky), ceux qu'on n'assume plus du tout (Placebo, Smashing Pumpkins), ceux qui n'ont rien fait d'autre (OHAI Presidents of the USA), ceux qu'on avait complètement oublié mais dont on se rappelle en faisant la playlist mais finalement y a pas la place pour les mettre, ceux qu'on voudrait bien mettre mais qui ne sont pas sur Spotify, ou alors pas le bon morceau, ou alors pas les albums de 1998 et avant...

C'est compliqué. Et en même temps, ça fait un plaisir fou de retrouver tout ça, de se rappeler tout ce qui allait avec, les filles, les pogos, les discussions sur Offspring qui est devenu trop commercial avec Americana sérieux non mais t'as vu leur clip, la lecture de Replay et de tout Philip K Dick (ou presque) avec l'EP paranoïaque de Risingson puis Mezzanine qui tournent en boucle, la découverte de l'édition collector du NYC Live de Portishead dans une brocante alors qu'il vient de sortir, l'album de Blur acheté lors de mon premier passage à Berlin dans le Saturn d'une Alexanderplatz sans rapport avec l'actuelle, le clip scotchant de Pure Morning, l'album de Prodigy chourré dans un Monoprix...

Oh, et puis évidemment, c'était amusant de débuter une playlist sur mes 16 ans par un morceau intitulé Is this Desire?

PIL 5x16 #3 - Netsabes : 16*16