Promis, ça ne sortira pas d'Internet

vendredi, septembre 4 2009

Insomniaque

Insomniaque, alcoolique, allumé, Berlin, septembre 2009

Il est deux heures, ou cinq ou huit
Petit matin, après-midi,
Déjà moins dix, un temps pourri
Le ciel dégueule, orage, minuit.
T’entends ce boxon?

Malback, Cognac, sa race, patraque
Le bide en vrac tu vides ton sac
Rue saint Sulpice, le poing levé
Et trop bien élevé-e pour hurler
Tu montes le son.

Tu vois plus rien, foutue chaleur
Tu bois plus rien, p’t’être tout à l’heure
Concentre-toi sur les morceaux
Ceux qui te restent sous la peau
Allez sois pas con.

Café, clope, un p’tit chien noir
Ta gueule défaite dans le miroir
Pas fermé l’œil, ça va se voir
Et faudra t’nir jusqu’à ce soir
Ouais mais bon.

Dormir, jamais, pas qu’ça à faire
Dormir, jamais, mais ouais, t’aimerais
Dormir, jamais, ça sert à rien
Dormir, jamais, dormir, putain
Oui mais non.

(Clin d’oeil à un jeune poète)

mercredi, septembre 2 2009

North by Northwest

Seattle, juillet 2007

C'était en 2006, j'étais encore relativement jeune et je travaillais pour l'empire du mal, pas très loin de Seattle. Un weekend, bien décidé à laisser le boulot derrière moi, je suis allé faire un tour au musée de la science-fiction et je me suis pris une grosse baffe. J'y ai passé des heures, notant mentalement tous les livres que je devais absolument lire, tous les auteurs que je devais impérativement ajouter à ma bibliothèque, et tout le temps que j'allais devoir consacrer à combler mes lacunes et rattraper le retard. Trois ans plus tard, la liste n'a fait que s'allonger, malgré de longues soirées passées à bouquiner dans les coins les plus perdus d'Europe.

En sortant, je voulais me changer un peu les idées. Je suis donc allé faire un tour juste à côté, à l'EMP -- une espèce de musée vivant de la musique. Et derechef, je me suis pris une jolie claque. Le sens de l'univers venait de m'être révélé : Atlantic Records, Jimi Hendrix, le grunge sous toutes ses formes, des tonnes de groupes indie -- j'étais dans une capitale mondiale de la musique et je marchais dans les pas de mes groupes préférés. À l'étage j'ai hésité à massacrer Foxy Lady sur les guitares en libre accès, et refusé de m'infliger la honte de ma vie en tentant de jouer de la batterie.

La journée ainsi bien entamée, j'ai mangé en bord de mer en écoutant Queensrÿche donner la réplique aux marchands de poisson, halluciné devant le monorail, rempli une carte SD de photos ratées et bu des coups dans des petits cafés où on jouait du jazz toute la nuit.

Sur la route du retour, en quittant l'interstate 5 pour Portage Bay, je me suis dit que malgré ses 360 jours de pluie par an, cette ville avait un côté magique.

(Téléportation imminente, suivez le cap North by Northwest)

-- Et avec tout ça, t'as toujours pas vu Singles ?!
-- Nope.

jeudi, août 27 2009

Life goes easy on me

Madrid, août 2009

Au milieu de la foule anonyme, il marche en regardant droit devant lui. Le monde est muet, on n’entend que la musique qui rythme ses pas, légèrement trop forte. C’est la fin de l’été, il fait bon dehors et il sourit avec insouciance.

Quelques mètres plus loin, elle marche en regardant droit devant elle, légèrement en décalage avec la musique. Elle porte une jolie robe noire et la brise du soir fait décrire à ses cheveux des chemins improbables autour de ses hanches. Elle sourit, et plus rien n’a d’importance.

Il repense à ce film qui l’a tant marqué.
Elle n’a pas grand chose de Nathalie.
Il ne ressemble pas du tout à Jude.

mercredi, août 26 2009

A Weekend in the City

Tour Eiffel, Paris, décembre 2008

Ce matin je vous fais coucou depuis le ciel tout en essayant de remettre un peu d’ordre dans ma pauvre tête. Je viens de passer une journée à expliquer en anglais à des Espagnols que leur projet en Suisse allemande était perfectible. Pardon my French.

Allez, pendant que le personnel navigant tente de maîtriser les serpents dans mon avion, laissez-moi vous raconter encore un weekend avec une playlist : des gens formidables, de l’élite, beaucoup de musique, un peu d’alcool - A weekend in the city

- What are you doing?
- I’m taking over a TV network.
- Finish up, honey, and get to sleep.

vendredi, août 21 2009

Wild young hearts

Coucher de soleil, Berlin, juillet 2009

And while the city sleeps
I won’t weep because I didn’t keep
My boyfriend and the summer’s end is here again
And the leaves are golden
Under the grand silver birch tree

While we’re thinking bout the people we meet
Dancing feet, wasters on the cover of a magazine
People you’ve kissed, people you lust
And the one’s that you might not
Ever remember what’s the use

I’m not what I was last summer
Not who I was in the spring
Tell me, tell me, tell me when will we learn
We love it and we leave it and we watch it burn
Damn these wild young hearts
Damn these wild young hearts

Now that the city’s awake, my heart aches
Oh what a silly mistake it seems I’ve made
You left your keys under my bed
Left a thumpin’ in my head
I would say sorry, what’s the use

Cause, I’m not what I was last September
And I don’t wear the same robes in May
We know we shouldn’t do it, but we do it anyway
We know we might regret it but it seemed ok
Damn this wild young heart
Damn this wild young heart
Damn this wild young heart

If now is forever then what’s to prove
Cause it won’t be the same next summer
And I guess I’ll see you in the spring
Somebody tell me, tell me, tell me, when will I learn
I love it and I leave it and I watch it burn
Damn this wild young heart
I told you damn this wild young heart
Damn this wild young
Tell me, tell me, tell me when will I learn
Damn this wild young heart

mercredi, août 19 2009

One more for the road...

Sur la route des vacances, août 2009

Si vous êtes déjà montés à bord d’une voiture munie d’un autoradio, vous avez déjà été confrontés à la question suivante : qu’est-ce qu’on écoute ? On cherche un dénominateur commun, un truc qui ne déplaise à personne, qui sente un peu les vacances, mais dont on n’ait pas honte. Et au bout de trois heures de réflexion intense, après avoir passé en revue l’intégralité des CDs disponibles douze fois, on finit par attraper le premier de la pile.

Partant de là, il est crucial de bien choisir sa musique avant de partir. Ou d’emprunter la voiture de quelqu’un qui a bon goût, tout en prenant soin de brûler tout CD de Louise Attaque avant le départ, par précaution. Il faut aussi se méfier comme de la peste des conducteurs qui voudraient mettre la radio pour mettre tout le monde d’accord : vous allez à coup sûr vous retrouver à écouter Nostalgie. Vous les reconnaitrez facilement cela dit, ils ont un best of de Brassens dans le vide poche et une compil’ de Cloclo dans la portière (mais généralement pas de litière dans le coffre).

Bref, la musique en voiture, c’est parfois galère. Mon conseil ? N’y pensez pas trop et appuyez sur play. Les cheveux plein de sable et le coude au vent, montez le volume et faites coucou aux radars en chantant à tue-tête.
One more for the road…

“Admittedly he was listening to a Best of Queen tape, but no conclusion should be drawn from this because all tapes left in a car for more than a fortnight metamorphose into Best of Queen albums.” – Terry Pratchett and Neil Gaiman, Good Omen

dimanche, août 16 2009

Think for yourself...

Müggelsee, Berlin, août 2009

Tranquille sur la plage, il fait beau et je bronze en alternant bouquinage et photos. Je fais bien attention de ne pas mettre trop de sable entre l’objectif et le capteur, sans quoi l’image sera pleine de grain. Je prend encore plus soin du bouquin — c’est pas le mien. Le ciel est d’un bleu incroyable, la lumière qui tombe sur les lieux est un peu magique.

L’oeil dans le viseur, ma vision se trouble. Une masse s’est déplacée juste dans mon champ, et semble s’être arrêtée. Je bougonne et lève le nez ; il y a un type à vingt centimètres de mon objectif, l’air allemand et pas content.

- Eh toi, qu’est-ce que tu photographies comme ça ?

Je suis peut-être nul en teuton, mais si mes années au Kremlin-Bicêtre m’ont appris une chose c’est à reconnaître les racailles qui cherchent la merde. Je passe en mode sourire désarmant de naïveté. Surtout, surtout, ne pas lui donner l’impression à un quelconque moment que je comprends quoi que ce soit de ce qu’il raconte.

- Sorry?

Ça lui coupe un peu l’herbe sous le pied, mais je sens bien que ça n’est pas gagné. Il est tout seul, pas bien grand, j’enclenche la deuxième vague.

- Je ne parle pas allemand, je peux vous aider ?
- (en allemand) Qu’est-ce que tu prends en photo, hein ? Qu’est-ce que tu prends en photo ? Arrête de prendre des photos t’entends ? What you fotografiert?

Je me retiens in-extrémis de lui répondre que là, je vais prendre son gros cul en photo s’il ne bouge pas.

- La plage, mon grand, je prends la plage en photo. Quoi d’autre ? C’est beau la plage, regarde toutes ces couleurs. Pourquoi, il y a un problème ?

Sa tête vient de passer du rouge au pourpre, et il se met à crier. “Arrête de prendre des photos, t’as pas le droit, Arrête de prendre des photos maintenant ok ?!”. Il tape mon objectif du plat de la main, et je lâche l’air naïf pour un regard noir.

- Woah, keep it easy man! C’est mon appareil que tu viens de toucher là connard. Je ne fais rien de mal, je prends juste des photos. C’est pas un crime, et t’es pas dessus, lâche-moi maintenant, ok ?

Il fait demi tour, sa copine l’interroge du regard. Si j’étais parfaitement rationnel, je rangerais mon appareil et on n’en parlerait plus, mais je suis énervé et bien décidé à ne pas me laisser marcher dessus. Le vent se lève, et le bateau gonflable à côté de moi décolle.

Le voilà qui revient à la charge. Il est accompagné d’un type avec un polo aux couleurs du bar de la plage. Zen, je reprends ma tête de gentil paumé pendant qu’il m’explique que je ne peux pas prendre de photos ici, sauf si j’ai une carte officielle de photographe, un mandat de l’administration ou si je suis journaliste. Tout sourire, je lui réponds en anglais que je ne comprends pas. Il me demande quelle est ma profession.

- Écoutez, je ne fais que prendre des photos, si vous voulez les regarder il n’y a aucun problème, vous verrez, je ne suis pas un pervers. Tenez, jetez un œil…

Je tourne mon écran vers eux, leur montre le bateau volant. Ça n’a pas l’air de les émouvoir beaucoup. Le barman me ré-explique que c’est illégal, que je ne peux pas prendre les gens en photo comme ça sans leur consentement. Je ne suis pas censé comprendre, je ne peux donc pas répliquer qu’on est sur un lieu public, qu’à partir du moment où je fais des plans larges c’est pas son affaire, et qu’en plus de ça je me casse la tête pour faire des cadrages avec les gens à contre-jour ou de dos pour éviter tout problème. Je fulmine intérieurement. Mais il fait beau, j’ai envie de lire et de bronzer un peu, et plutôt que d’envenimer le débat et de rameuter la plage tout entière, je tempère.

- Ok listen, regardez autour de vous, tout le monde a un appareil photo là. Alors je vais ranger le mien ; je vois bien qu’il est un peu trop visible pour vous. Mais quand même, je suis sincère : je n’envahis la vie privée de personne et je ne viole aucune loi.

Je range mon appareil, ils semblent satisfaits et s’en vont. Je mets mon casque rageusement et j’attrape mon bouquin. La chanson commence, et je glousse ; mon iPod m’envoie un message.

Think for yourself
Question authority

Throughout human history, as our species has faced the frightening, terrorizing fact that we do not know who we are, or where we are going in this ocean of chaos, it has been the authorities, the political, the religious, the educational authorities who attempted to comfort us by giving us order, rules, regulations, informing, forming in our minds their view of reality. To think for yourself you must question authority and learn how to put yourself in a state of vulnerable, open-mindedness; chaotic, confused, vulnerability to inform yourself.

Think for yourself.
Question authority.

Quatorze minutes et cinq secondes plus tard, je change ma serviette de place et j’enchaine sur la chanson suivante.

vendredi, août 14 2009

Put your records on

Cerf-volant, Trouville, août 2009

Three little birds, sat on my window.
And they told me I don’t need to worry.
Summer came like cinnamon
So sweet,
Little girls double-dutch on the concrete.

Maybe sometimes, we’ve got it wrong, but it’s alright
The more things seem to change, the more they stay the same
Oh, don’t you hesitate.

Girl, put your records on, tell me your favourite song
You go ahead, let your hair down
Sapphire and faded jeans, I hope you get your dreams,
Just go ahead, let your hair down.

You’re gonna find yourself somewhere, somehow.

Blue as the sky, sunburnt and lonely,
Sipping tea in the bar by the roadside,
(just relax, just relax)
Don’t you let those other boys fool you,
Got to love that afro hair do.

Maybe sometimes, we feel afraid, but it’s alright
The more you stay the same, the more they seem to change.
Don’t you think it’s strange?

Girl, put your records on, tell me your favourite song
You go ahead, let your hair down
Sapphire and faded jeans, I hope you get your dreams,
Just go ahead, let your hair down.

You’re gonna find yourself somewhere, somehow.

It was more than I could take, pity for pity’s sake
Some nights kept me awake, I thought that I was stronger
When you gonna realise, that you don’t even have to try any longer?
Do what you want to.

Girl, put your records on, tell me your favourite song
You go ahead, let your hair down
Sapphire and faded jeans, I hope you get your dreams,
Just go ahead, let your hair down.

Girl, put your records on, tell me your favourite song
You go ahead, let your hair down
Sapphire and faded jeans, I hope you get your dreams,
Just go ahead, let your hair down.

Oh, you’re gonna find yourself somewhere, somehow

jeudi, août 13 2009

Marée montante

Gare de l'Est, Paris, août 2009

Je ne tourne pas rond. Ça fait cinq minutes que je regarde le carrelage de la douche en marmonnant. “Putain, putain, putain, putain, arrête, putain, arrête, putain, putain, putain, arrête, déscotche…”. Je monte la température, l’eau me brûle la nuque, faut que je sorte m’aérer la tête.

Attends tu peux pas sortir comme ça, t’as vu ta tronche ? Coiffe-toi, passe une chemise assortie, mets un peu de parfum, tu ressembles à rien, que vont penser les gens ?

Mais attends je m’en fous bordel de ce qu’ils vont penser, de toutes façons même si j’étais dans leur tête je ne comprendrais pas un traitre mot. Je vais aller courir avec mon vieux futal orange délavé et tant pis si ça leur pique les yeux. Au pire je leur dirai “l’ecchymose du lobe frontal meurtrit l’apoplexie et pourrit les synapses jaunes du crétacé à poil long” quand ils me feront une réflexion, ça devrait les arrêter net.

Non mais si tu croises un collègue ? Si on t’appelle à l’improviste pour boire un verre ? Tu peux pas sortir comme ca. En plus t’as pas fait le tour du problème, c’est pas très rationnel ta façon de réagir.

Parlons-en tiens, de rationnel. C’est rationnel de mettre le bonheur des autres devant le sien peut-être ? C’est rationnel de tout intérioriser au point de t’en coller des crampes au bide ? C’est rationnel de ne pas arriver à dire merde et claquer deux trois portes au nez ? Et puis des gens qui m’appellent à l’improviste, ça n’arrive pas ici. Ça fait trois ans que je l’espère ce coup de fil, ça n’arrivera pas. Non il est temps de tout envoyer chier un peu.

Tu sais bien que ca n’est pas possible, allez. Reste pragmatique, c’est ce qui fait que tu es qui tu es. T’as déjà essayé l’égoïsme, y’a dix ans, et tu t’en veux encore. Tu ne peux pas aller contre ton identité propre. Essaie juste de comprendre ce qui se passe, pourquoi tu pars en couille. Mets-toi un peu de métal si ça aide, mais concentre toi.

Mais putain tu crois que j’ai pas essayé déjà de me concentrer ? Même bourré j’y arrive plus. Pendant quasiment trente ans j’ai pu m’endormir debout sous une enceinte crachant 120 décibels, mais là j’arrive même plus à dormir quatre heures d’affilée dans un caisson isolé. Il est temps, je te dis, plus que temps de changer un truc.

Allez sois pas idiot, tu sais très bien ce qui se passe et c’est humain, Mais vois le bon côté des choses, t’as un boulot bien payé en pleine crise, un appartement génial pour pas cher, t’as vraiment pas de quoi te plaindre. Il y a une explication simple et logique à tous tes problèmes, réfléchis

Il y a une tache sur ce miroir. Une tache. Ça m’agace. Une tache. tache. Putain, déscotche bordel, ça n’est qu’une tache. Stop, putain, putain, arrête, arrête, arrête putain, arrête, déscotche putain putain putain.

Stop.

dimanche, août 9 2009

Histoires d'eau


La scène se déroule à Berlin, dans la maison du sauvage. Il fait très chaud, rendant tout contact avec le faux cuir d’une chaise de bureau parfaitement insupportable. Sauvage est en boxer et en sueur ; il souffle une fois de plus dans les tubes de communication électronique.

Sauvage — Mmpppfff, j’ai envie d’aller à la plage. Plââââââge. plage plage plage plage plage. De l’eau, du sable et un beau bronzage pour le sauvage.
Nietzsche — Le désir est signe de guérison ou d’amélioration. Vivre de telle sorte qu’il te faille désirer revivre, c’est là ton devoir.
Sauvage — C’est bien beau tout ça, mais ca ne me dit pas quand je vais me baigner. Dites les amis, ça vous intéresse ? Vous êtes dispos quand ? Je peux débarquer chez vous, jouer avec votre chat, boire toutes vos bières et manger vos glaces ? Promis j’arroserai les plantes vertes en échange.

***

Sauvage laisse Friedrich monologuer et se téléporte dans un bar irlandais. Tout le monde parle très fort, et le barman explique que le saucisson sec est bien meilleur quand il est arrosé de jus de citron vert. Sauvage est en costume et traîne une grosse valise, un sac à dos, un ordinateur portable et un début de rhume.

Dompteuse de Dragons — Hééééé, t’es là ! Tiens, voilà les clés. Ah et tu connais tout le monde dans le bar, je crois ?
Sauvage — Chuut, je suis ici incognito. Je vais aller me changer et je reviens d’accord ? (un aller-retour en taxi plus tard) Tadaaaaa!
Grande Schtroumphette — Sauvaaaaaage ! T’es arrivé ! On boit un coup ? Pendant ce temps là je te brieferai sur les vannes allemandes, y’a article fascinant dans le supplément rire de Courrier International.
Sauvage — Ils ont dû confondre, les allemands n’ont pas d’humour. Leur truc c’est les voitures plutôt.
Grande Schtroumphette — Nan regarde, les anglais disent que Helmut Vögelsteinstoß est l’homme le plus drôle depuis Hitler

***

Le bar s’efface et laisse place à l’intérieur d’une twingo vibrillonante de mille éclairs, lancée à cent-vingt-neuf kilomètres à l’heure. Sauvage, Miss Bigouden et Grande Schroumphette rejouent une scène culte de Wayne’s World.

Sauvage — Il faut que je vous avoue, je ne connais pas Supertramp
Grande Schtroumphette — Naaaan, impossible ! Tiens ben j’ai un best of là, écoute et instruis-toi
Sauvage(chante à tue-tête sur toutes les chansons)

***

Trouville. Les mouettes crient, probablement effrayées par le soleil qui joue à chat avec les nuages.

Grande Schtroumphette — On est à la plage, il faut manger des crêpes ! C’est la règle.
Miss Bigouden — Mais on est en Normandie, c’est breton les crêpes !
Sauvage - En même temps j’aime autant ça que de me taper un claquot en plein cagnard. Bon mais si on se faisait une cassolette de noix de saint Jacques plutôt ?
Grande Schtroumphette(imperturbable) je suis désolée mais à la plage on mange des crêpes. Au fait, il faudra aussi faire une photo de notre ombre.
Sauvage(taquin) Il est midi, autant photographier nos pieds
Grande Schtroumphette — non mais plus tard, banane !

***

Sauvage(s’ébrouant) Elle est trop bonne, vous devriez venir vous baigner !
Grande Schtroumphette — T’es fou elle est gelée. T’as du sang breton toi, hein, avoue ?
Miss Bigouden — Désolée mais je ne vois pas le rapport.

***

Un couple s’enlace au pied d’un phare. Le garçon embrasse la fille avec passion, les yeux fermés. Elle se met à taper un texto.

Miss Bigouden — C’est vachement beau la Sicile en fait.
Sauvage(concentré, l’œil collé au viseur de son réflex) Ah ouais ? Pourtant ca n’a Palerme comme ca.
Grande Schtroumphette — Tu photographies son orteil ou ma Converse là ?

***

Miss Bigouden et Grande Schtroumphette émergent d’une sieste de 3 heures, avec chacune un coup de soleil sur la cuisse.

Sauvage — Bien dormi ? Bon vous venez, on va prendre des photos cool, y’a du soleil et des flaques d’eau ça va être génial
Miss Bigouden, Grande Schtroumphette(en chœur) Sauvage, t’es hyperactif à la plage !

***

Nietzsche(étouffé, la communication depuis Berlin étant mauvaise) Il suffit de forger des noms nouveaux, de nouvelles appréciations et de nouvelles probabilités pour créer à la longue aussi des “choses” nouvelles.
Sauvage — En attendant j’ai passé un super weekend. Et encore, je t’ai pas parlé de ma course-poursuite en pleine nuit avec un livreur de pizzas, du brunch du lendemain avec Jolie Baleine, et de l’échouage subséquent sur les quais de la Seine.
Nietzsche — La mère de la débauche n’est pas la joie mais l’absence de joie.
Sauvage — Oh ta gueule à la fin, si tu continues je te raconte les dix dernières minutes de Blade.

vendredi, août 7 2009

Coin-operated boy

Auto-portrait coupé, Berlin, juil. 2009

Coin-operated boy
Sitting on the shelf
He is just a toy
But I turn him on
And he comes to life
Automatic joy
That is why I want
A coin-operated boy
Made of plastic and elastic
He is rugged and long-lasting
Who could ever ever ask for more
Love without complications galore
Many shapes and weights to choose from
I will never leave my bedroom
I will never cry at night again
Wrap my arms around him and pretend

Coin-operated boy
All the other real
Ones that I destroyed
Cannot hold a candle to my new boy and I’ll
Never let him go
And I’ll never be alone
And I’ll never let him go
And I’ll never be alone (go)
And I’ll never be alone (go)
And I’ll never be alone (go)
And I’ll never be alone (go)
And I’ll never be alone
Not with my coin-operated boy

This bridge was written to make you feel smittener
With my sad picture
Of girl getting bitter-er
Can you extract me
From my plastic fantasy
I didn’t think so
But i’m still convincible
Will you persist even after I bet you
A billion dollars that I’ll never love you?
And will you persist even after I kiss you
Goodbye for the last time
Will you keep on trying?
To prove it
I’m dying
To lose it
I’m losing
My confidence

I want it
I want it
I want it
I want it

I want you
I want you
I want you
I want you
I want you
I want you
I want you
I want you

I want a…
I want a…
I want a…
I want a…

…coin operated boy

And if I had a star to wish on
For my life I can’t imagine
Any flesh and blood could be his match
I can even take him in the bath

Coin operated boy
He may not be real
Experienced with girls
But I know he feels
Like a boy should feel
Isn’t that the point?
That is why I want a coin-operated boy
With a pretty coin-operated voice
Saying that he loves me
That he’s thinking of me
Straight and to the point
That is why I want a
Coin-operated boy.

vendredi, juillet 31 2009

Tes vanités

Signalétique de chantier, Berlin, juil. 2009

Tes vanités n’ont ni de chair ni de peau
Juste des fast-food en lisière des ghettos
Minorités dopées aux crâneries torrentielles
Avant le shoot final dans la poubelle
Tes vanités tes girouettes tes drapeaux
Le Diable est à nos tables
Tête de mords toi la queue parvenir à tes fins
Et tenter d’en profiter avant de péter les câbles

Repose, cool, petit humain,
Seule la mort sait faire la paix
Ta vie n’est qu’une guerre
Des vanités

Et elles nous tirent leurs chapeaux dans le dos
Fallait pas commencer par tout terminer
Assouvir ton orgueil ta fierté et faire
Feu de tout bois au bûcher des vanités
Le coeur de l’histoire est lourd en ego
Le grelot commun du commun des mortels
Des records,des mirages d’or
La misère ordinaire aux frontières du réel

Repose, cool, petit humain,
Seule la mort sait faire la paix
Ta vie n’est qu’une guerre
Des vanités
Qu’elle repose en paix

Pour de l’amour-propre, combien de mains sales ?
Et s’tailler des costards aux frontières des scandales
Nos vanités creusent à toutes fossettes
Dans le miroir aux alouettes

Mes vanités n’ont ni de chair ni de peau
Juste des Flash-balls pour les enfants de fachos
Couvre toi, couvre moi, couvre le feu
C’est l’hiver en amour, mais putains mais bons Dieux
Mes vanités n’ont ni de chair ni de peau
Mes vanités c’est la terre en sanglots
Au boulevard des allongés
Que ravitaillent les corbeaux

Cool, petit humain
Seule la mort sait faire la paix
Ta vie n’est qu’une guerre
Des vanités
Repose, cool, j’t’aimais pas bien
Mais la mort sait faire la paix
Et ma vie n’est qu’une guerre
Des vanités

Cool, petit humain
Seule la mort sait faire la paix
Ma vie n’est qu’une guerre
Des vanités

Cool,
J’ t’aimais pas bien,
J’ m’aimais pas bien
Ma vie n’est qu’une guerre
Des vanités

mercredi, juillet 29 2009

So fuck you anyway

Machine industrielle, Berlin, juil. 2009

Y’a des matins comme ça où le monde entier semble s’être mis d’accord pour faire chier : il pleut dehors, la dernière dosette de café vient de se répandre au fond du paquet, et le boss a laissé un commentaire sur votre blog (texto : “kikoo mdr”).

Plutôt que d’évacuer votre rage dans un vase ridicule, canalisons cette saine colère et affûtons-nous les nerfs en musique. En plus ça tombe bien, aujourd’hui c’est mercredi. C’est parti pour the angry mob.

Voilà qui devrait vous calmer un peu. Sans quoi vous pouvez toujours la rejouer dans l’autre sens.

vendredi, juillet 24 2009

Another time, another place

Manifestation anti-fasciste, Berlin, juil. 2009

Bright morning lights
Wipe the sleep
From another day’s eye.
Turn away from the wall
And there’s nothing at all.
Being naked and afraid
In the open space of my bed.



I’ll be with you now
I’ll be with you now
I’ll be with you now
We lie on a cloud, we lie.

Just as I am
I awoke with a tear on my tongue
I awoke with a feeling of never before
In my sleep, I discovered the one
But she left with the morning sun.



I’ll be with you now
I’ll be with you now
I’ll be with you now
We lie on a cloud, we lie.

Another time, another place
We lie.
Another time, another place.
We lie.
Another time, another place
We lie.
Your time, your place.

mercredi, juillet 22 2009

And the future goes pop

Budapest vue du Château royal de Buda, jan. 2008

Généralement, quand je propose à mes amis d’aller danser en soirée goth, ils me jettent un petit regard moqueur. Surtout les jours où je porte un t-shirt rose.

Voyant que je suis sérieux, ils se mettent à me scruter sous tous les angles ; je deviens une espèce d’extra-terrestre qui cache forcément des cicatrices, un collier à clous et des traces de rimmel sous les yeux.

Les plus courageux finissent par esquiver mon invitation avec un “désolé j’ai pas de fringues noires” (and my ass tastes like chicken, right?), quand les autres prétextent que vraiment, c’est pas leur truc.

Personne, en revanche, ne me demande jamais ce qu’on y écoute, dans ces fameuses soirées. Mais comme je suis un gentil garçon absolument partial, je livre ici ma version très biaisée des faits. And the future goes pop :

mardi, juillet 21 2009

A day that I'll never miss

Rheinfelden - Herten, Allemagne, juil. 2009

Evidemment, il y a les bons côtés.

Il y a ces courts instants de magie où on se dit qu’on pourrait difficilement rêver mieux. Ces matins éthérés après une nuit blanche passée à papoter, virtuellement ou non, mais souvent saoul. Où ces soirées euphoriques, musique à fond, en random sur tous les morceaux les plus improbables de la playlist.

Il y a ces après-midi aussi, en mode comédie romantique, avachi sur le canapé, avec un plat de pâtes au fromage, un pot de Macadamia Nut & Cookies et le DVD de Fast and Furious pour plus tard.

Et puis ces weekends précieux où on saute dans un avion sur un coup de tête, juste pour se faire plaisir.

Mais quand même, en moyenne, en médiane ou en dérivée, ca fait un peu chier la vie tout seul.

mercredi, juillet 15 2009

Energizer

Frankfurter Tor, Berlin, Mai 2008

Il y a quelques années de ça, un voisin à qui j’avais confié ma clé de secours m’a sauté dessus aux aurores, hystérique, en essayant de me faire croire que ma chaine jouait en boucle le même morceau de Cavalera depuis trois heures. Et forcément, comme c’était un fan de Deicide et Napalm Death, ça le saoulait un peu toute cette pop molle du genou.

Depuis cette expérience traumatisante, j’ai essayé pas mal de trucs : le simulateur d’aube, les gazouillements d’oiseaux, le combo cafetière + grille pain programmables, et un improbable medley Edith Piaf / Brassens. Mais quelques rendez-vous ratés et un nombre incalculable de cafés froids (pouah) m’ont décidé à revoir mon approche.

Retour à la musique donc, avec un réveil crescendo en sept étapes. Energizer :