Promis, ça ne sortira pas d'Internet

mercredi, mai 4 2011

Insomnies

Balcon, Nouvelle-Orléans, avril 2011

Il est quinze heures, tes paupières tombent. Tu mets ça sur le compte du train, le sale train du matin qui part toujours un peu plus tôt, toujours un peu trop loin. Tu détends le noeud de la cravate pour mieux ravaler ton sommeil, tes doigts glissent sur le clavier et la caféine réussi à te sortir de ta torpeur.

À dix-neuf heures, tes yeux brûlent. Tu jettes ta valise dans un coin de la pièce et tu tombes tout habillé sur un matelas défoncé. Le corps a lâché, ton esprit vagabonde. C'est pas franchement une heure pour dormir mais bon.

Tu te réveilles en sursaut, la chemise froissée et les cheveux en vrac. Tu cherches vainement à distinguer les piaillements des oiseaux dehors, mais même en louchant sur les aiguilles rien n'y fait - il est minuit. Tu plies avec soin tes vêtements après avoir constaté qu'il est trop tard pour dîner. Tu enfouis ta tête sous la couette.

Un temps infini passe, pendant lequel tu te retournes mille fois. Tu as chaud, faim, et les yeux grand ouverts. À minuit vingt, tu te résous à regarder un film, de préférence un Godard ou un Chabrol histoire de vraiment forcer la main à ton horloge interne. Trois heures plus tard tu embrayes sur un que sais-je, sans grand résultat.

Tu t'écroules enfin alors que la lune songe à foutre le camp. Un battement d'ailes plus tard, ton réveil sonne. Tu enclenches l'auto-pilote en espérant que le monde n'y verra que du feu.

Il est quinze heures, tes paupières tombent. Garde les yeux ouverts. Garde les yeux ouverts. Garde les yeux ouverts.

PIL #92 Insomnies

mercredi, avril 27 2011

Southern Comfort

Jazz de rue, Nouvelle Orléans, avril 2011

Quand on est un peu inculte crasse, visiter le Rock & Soul Museum de Memphis permet de remettre pas mal de choses en perspective. Tu te rends compte qu'Al Green et Otis Redding tapaient le carton en grillant des cacahuètes, qu'Ann Peebles s'emmerdait réellement les jours où il pleuvait tellement qu'elle ne pouvait pas aller à sa soirée, et qu'après lui avoir filé de bon coeur son respect, Otis citait Aretha en concert. Un bien petit monde, décidément.

Au final, ce musée fait du bien. Et comme Elvis a le sien à lui, on ne te bassine pas trop avec sa vie son oeuvre. Ce qui, une fois que tu as bouffé du Nashville quelques heures, s'avère être une excellente chose. Après 4000km de la Louisiane au Tennessee, de l'Arkansas à l'Alabama, et jusqu'au fond du Mississippi, tu relis l'histoire en la croisant d'anecdotes et tu te dis qu'il reste un sacré chemin à faire.

Et tu remercies bien bas l'inventeur de l'autoradio en écrasant l'accélérateur.

PIL #91 Southern Comfort

mercredi, mars 30 2011

There's a pattern there to follow

Cher hypothétique lecteur, de quelle couleur sont les petits pois ?

Après une soirée d'euphorie, j'aime bien lézarder au soleil. Ou rester sous la couette.

Après une journée sous la couette, j'éprouve le besoin de faire quelque chose, n'importe quoi. Sortir.

Après avoir passé une semaine à enchaîner les déjeuners, apéros et dîners entre amis, j'aime bien me retrouver seul.

Après quelques heures de solitude, je meurs d'envie de voir du monde.

Ou de regarder une série. Ou de passer une soirée d'euphorie.

Ne soyez donc pas trop surpris si vous ne voyez aucun lien entre deux chansons. Laissez-vous juste emporter par les mélodies, sans réfléchir.

PIL #87 Moodswings

mercredi, mars 9 2011

The stars in our heads

Eclairage de concert, Klub, Paris, juillet 2010

1998, un peu au sud de Paris. Je suis en visite chez mon voisin préféré et j'entends un truc un peu étrange qui sort du lecteur CD. Ça ressemble à un morceau de 666,667 club qu'on aurait passé dans un filtre psychédélique, et c'est - de fait - le même musicien, Akosh. La pochette est jaune, un visage inquiétant fixe un point derrière mon oreille. J'ai un peu du mal à accrocher, mais ça n'entame pas trop l'enthousiasme de mon hôte.
« Tu verras après deux trois écoutes c'est génial » - il me glisse une copie de l'album, pour écouter au calme.

Au bout de la troisième écoute, j'accroche bien quelques morceaux. Malgré tout, j'ai vraiment du mal avec les passages de pur free jazz, ça me gâche un peu le plaisir. Je persiste, en bon sauvage. Quand Élettér sort un peu plus tard je ne sais toujours pas si j'aime ou si je déteste cette musique, mais la pochette me plait. Une seule écoute suffit à effacer mes derniers doutes, et le disque tourne quelques semaines sur ma platine.

2011, franchement plus au nord. La Blogothèque publie un concert à emporter de Colin Stetson. Je reste perplexe quelques minutes tellement l'ensemble me paraît improbable, mais je suis un peu scotché par la performance. Je me dis que ça fait bien longtemps que mon voisin préféré ne m'a pas collé un CD d'office dans les mains, et son aplomb me manque un peu.

PIL #85 The stars in our heads

mercredi, mars 2 2011

Saturated

Peinture écaillée sur un vieux mur, Lille, novembre 2010

À force de tourner en rond, fatalement, j'ai un peu de mal à trouver un angle. Ça n'est pas faute de chercher, pourtant. Tous les jours, je m'efforce de découvrir quelque chose de nouveau, d'écouter un genre, un artiste, un album que je ne connaissais pas. Mais même à ce rythme là, j'ai du mal à avoir un coup de foudre par jour. Ou, a fortiori, dix coups de foudre par semaine. Je tape donc, régulièrement, dans des albums que je connais bien et que j'aime beaucoup pour créer un ensemble cohérent, avec plus ou moins de succès selon l'instant et l'humeur.

Cette semaine, on sort donc les grosses ficelles et les grosses guitares, et on s'enchaîne un bon QoTSA et un Shipping News pour lancer la machine. Et comme c'est presqu'aussi difficile de finir que de commencer une playlist, on assure la fin avec Pandora's Black Book. Au milieu de tout ça, une moisson plus qu'honnête, récoltée avec patience pendant quelques semaines.

PIL #84 Saturated

mercredi, février 16 2011

♥ ♥ ♥

Marc Sens, Concert de Zone Libre à Rock en Seine, août 2009

Ce début de semaine étant placé sous le signe de l'amour, je vous propose une sélection musicale rouge sang pour coller à l'ambiance.

Au programme, quelques slows langoureux, de jolies mélodies toutes calmes, et des textes qui donnent envie de se blottir. Voyez donc comme je vous chouchoute, bande de petits câlinoux.

PIL #82 ♥♥♥

samedi, février 5 2011

Six Teens

Horloge de Géo, Kremlin-Bicêtre, septembre 2002

Quatre-vingt morceaux plus tard, on a fait un joli petit tour musical. Je ne connaissais aucun des cinq invités à 16 ans, mais il n'y a aucun doute sur le fait que vous vivions tous à peu près dans le même univers.

Moi sauvage, j'ai eu seize ans en 1996 (et j'ai donc vingt-six ans aujourd'hui). A l'époque, il me fallait faire plus de 100km pour trouver une FNAC, et me coucher à 4 heures du matin pour pouvoir écouter autre chose que de la soupe. La musique devait compter déjà pas mal pour moi alors, puisque je faisais les deux.

Derrière tous les groupes de cette playlist, il y a une petite histoire. Je suis tombé amoureux de Noir Désir à cause d'une fille très cool dont le frangin collait des affiches pour No One is Innocent. J'ai acheté un album de Pearl Jam et un autre de Killing Joke le même jour, complètement par hasard, chez Virgin sur les champs. Découvert Thiéfaine à la médiathèque municipale, et trouvé que roh, c'était drôlement choquant d'employer le terme "partouze" dans une chanson. Entendu Urban Dance Squad au beau milieu de la nuit sur Fun Radio. J'ai modélisé plein de scènes sous 3D Studio 4 en écoutant en boucle Temples of Boom. Roulé des pelles sur du Nick Cave, regardé rouler des pelles sur du Alice in Chains. Dégoté un petit groupe inconnu, les Smashing Pumpkins, sur une compilation avec un morceau caché de Nirvana, et trouvé ça super. Bref, je vois bien que je vous ennuie déjà.

1996 donc. C'est bien loin quand même.

PIL #80 Six Teens

vendredi, février 4 2011

5x16 - Chapelle sixteen

Horloge de Géo, Kremlin-Bicêtre, septembre 2002

Pour la dernière c'est Valérie - a.k.a. MmeMonstre, ou ^^V^^ pour les amateurs de pfuit pfuit - qui s'y colle.

J'ai passé des heures à causer musique avec ^^V^^. Des jours, peut-être bien. On s'est échangé plus de disques et de conseils musicaux qu'on n'a bu de bières ensemble, et pourtant on avait une belle descente. Si Nine Inch Nails caracole loin devant tout le monde dans mes statistiques last.fm, c'est très largement de sa faute. Si j'ai écouté le même album de VAST en boucle pendant plusieurs semaines, c'est de sa faute. Si Mylène Farmer est apparue deux fois sur mon blog cette semaine, c'est aussi de sa faute.

Dans l'ancien temps, elle tenait un chouette blog. Je vais quelque fois lui botter l'arrière train dans sa nouvelle ville d'adoption pour qu'elle reprenne l'écriture, mais jusqu'ici je n'ai eu qu'un succès limité (sauvage euphémisme).

J'avais les cheveux courts. Je passais mon bac français. J'avais un gentil petit crush pour mon prof de maths. Je partais en vacances en Angleterre. Je buvais des Monacos au pub à côté du lycée. J'écoutais Supernana à la radio. Je commençais ma première histoire d'amour un peu sérieuse. Je voulais être traductrice. J'avais 16 ans.

PIL 5x16 #5 - MmeMonstre : Chapelle sixteen

jeudi, février 3 2011

5x16 - Mes seize ans

Horloge de Géo, Kremlin-Bicêtre, septembre 2002

Attention vous allez vous prendre une petite baffe aujourd'hui, puisque c'est Bap qui passe à la programmation. Et quand il avait 16 ans, croyez-moi, la France vivait ses heures les plus noires. Musicalement parlant, s'entend.

Mais loin de renier cet héritage, Bap l'embrasse et ça rend les soirées karaoké bien plus fun en sa compagnie (pour le trivial poursuit en revanche, j'ai laissé tomber. Il chope tous ses camemberts avant que je n'aie pu ne serait-ce qu'essayer de répondre à une question). Ceci étant, n'allez pas croire tout ce que cette playlist vous raconte. Bap aime véritablement la musique, toute la musique, et il donne de sa personne pour vous le prouver au chant et au ukulélé, tout seul ou à deux gars.

La petite playlist de mes 16 ans vous montrera, outre mon vieil âge, ma tendance naturelle à aimer les chansons romantiques, les balades mièvres et la chanson française.

Mais je l'assume !

De Jil Caplan à Roch Voisine sans oublier François Feldman ou les Bangles, mon petit coeur vibrait déjà au rythme de ses battements.

Finalement ce n'est pas bien différent d'aujourd'hui où j'écoute Craig Armstrong, Ludovico Einaudi ou Damien Rice.

Ceci étant dit, vous vous régalerez de quelques perles comme "Voilà les anges", "Quand tu serres mon corps" ou même "I should be so lucky" (des mêmes producteurs que Rick Astley, Never gonna give you up)...

Vous retrouverez aussi des classiques : The Cure, Texas, Prince.

Finalement, ce n'était pas si mal mes 16 ans.

PIL 5x16 #4 - Bap* : Mes seize ans

mercredi, février 2 2011

5x16 - 16*16

Horloge de Géo, Kremlin-Bicêtre, septembre 2002

Ce mercredi je vous laisse en compagnie de Netsabes (/nɛt.sα.bɛs/), prince de la musique et empereur dieu d'Internet.

Discuter de musique avec nets est un exercice difficile ; il connait tous les groupes que tu écoutes, il en méprise un bon quart et illustre avec brio leur absurde nullité, et se paye le luxe d'être plus efficace que Last.fm pour te recommander des trucs que tu aimeras. Evidemment ça me convient plus que bien, et j'ai passé quelques nuits presque blanches à découvrir et redécouvrir des dizaines d'univers musicaux en papotant avec lui.

Faire, plus de dix ans après, une playlist de ce qu'on écoutait à 16 ans, c'est loin d'être évident. Il y a tous les groupes qu'on écoute toujours (Nirvana, RATM, Prodigy, PJ Harvey, Massive Attack, Tricky), ceux qu'on n'assume plus du tout (Placebo, Smashing Pumpkins), ceux qui n'ont rien fait d'autre (OHAI Presidents of the USA), ceux qu'on avait complètement oublié mais dont on se rappelle en faisant la playlist mais finalement y a pas la place pour les mettre, ceux qu'on voudrait bien mettre mais qui ne sont pas sur Spotify, ou alors pas le bon morceau, ou alors pas les albums de 1998 et avant...

C'est compliqué. Et en même temps, ça fait un plaisir fou de retrouver tout ça, de se rappeler tout ce qui allait avec, les filles, les pogos, les discussions sur Offspring qui est devenu trop commercial avec Americana sérieux non mais t'as vu leur clip, la lecture de Replay et de tout Philip K Dick (ou presque) avec l'EP paranoïaque de Risingson puis Mezzanine qui tournent en boucle, la découverte de l'édition collector du NYC Live de Portishead dans une brocante alors qu'il vient de sortir, l'album de Blur acheté lors de mon premier passage à Berlin dans le Saturn d'une Alexanderplatz sans rapport avec l'actuelle, le clip scotchant de Pure Morning, l'album de Prodigy chourré dans un Monoprix...

Oh, et puis évidemment, c'était amusant de débuter une playlist sur mes 16 ans par un morceau intitulé Is this Desire?

PIL 5x16 #3 - Netsabes : 16*16

mardi, février 1 2011

5x16 - Sho(v)e it again

Horloge de Géo, Kremlin-Bicêtre, septembre 2002

Aujourd'hui c'est au tour de Mansuy, jeune skater reconverti à la musique dont le nom de scène restera toujours "shoegoo". On s'est rencontrés pour la première fois en 2000 ; après quelques heures de discussion et quelques bières partagées autour d'une pince à sertir, il a débarqué chez moi avec un carton rempli de CDs.

Malgré ce qu'il raconte sur ses MP3, il continue de faire vivre l'industrie du disque, et contribue par la même occasion à remplir les caisses d'IKEA pour ranger ses boitiers.

J'ai eu 16 ans en 1997. A l'époque je ne comprenais pas tous les mots, littéralement je veux dire. A l'époque je ne comprenais pas toujours le sens des mots non plus...

La grande question c'est pourquoi est-ce que aujourd'hui encore j'aime me replonger dans ces vieux titres? Mais surtout, pourquoi est-ce que je me sens intimement connecté à ce qu'ils peuvent me raconter?

Nostalgie de base? C'est possible... en même temps ça n'était pas forcément le big up tous les jours. Pure génie sur CD ? Cette théorie me plaît agent Mulder!

Beaucoup de ces artistes sont encore là. Moi aussi d'ailleurs. Et grâce à eux je suis ce que je suis. J'ai décidé autour de ces instants de jouer de la musique, et on sait ce qu'il en est !

Beaucoup de ceux qui étaient à mes côtés à l'époque le sont encore aujourd'hui. D'autres vont apparaître pas longtemps après... 98 aussi a été riche en rencontres capitales !

Aujourd'hui les mp3 ont remplacé les madeleines. Parfois c'est un peu plus douloureux et ça mouille les yeux, mais au moins ça ne fait pas grossir.

PIL 5x16 #2 - Shoe : 13 ans après: sho(v)e it again

lundi, janvier 31 2011

5x16 - Let's be 16 again

Horloge de Géo, Kremlin-Bicêtre, septembre 2002

Programme un peu spécial pour la 80ème semaine de Play It Louder.
5 jours, 5 playlists et 5 textes de 5 potes sur un thème unique :
qu'écoutiez-vous à 16 ans, en 16 chansons.

L'idée n'est pas de moi, elle est née chez Fleur il y a un an. Le temps de demander à tout le monde de préparer son petit mix, le temps surtout de remettre ça à demain comme il se doit, et nous y voilà.

Je commence donc cette série par Fla et sa playlist mi-figue mi-cochon, tendance un brin bourrin. Si on s'était rencontrés en 96 elle et moi, je serais probablement mort dans un pogo. Heureusement (ou pas), on n'a commencé à causer musique qu'en 2009, à un âge où on regarde les ados faire des mosh pit avec un mélange d'envie et d’appréhension.

Elle n'est peut-être plus exactement au milieu des foules furieuses pour mieux profiter du gros son, mais Fla n'a pas perdu la foi. Elle me colle d'ailleurs régulièrement de bons gros coups de New Rock dans le derrière en hurlant : QUOI ? Tu connais pas ce groupe ULTIME ? Mais t'as vécu où pendant tout ce temps, dans une fucking CAVERNE ?

Et tout aussi régulièrement, je lui confirme que presque. Parce qu'au fond, le rayon disque d'un Leclerc de province n'est pas un endroit approprié pour se faire une culture musicale.

Bref, prêts pour un double voyage dans le temps ? Zap!

C’est décidé, bientôt, je déménage.

Sisi.

J’y crois à mort.

Bien sur, le fait que mon appartement soit toujours en travaux depuis plus de 3 mois pourrait sembler un obstacle. Tout comme le fait qu’aucun des éléments indispensables du dit appartement ne soit terminé (genre euh, au hasard .. la salle de bain, la cuisine, mon bureau …) (jme plains pas, au moins les chiottes ont été posées, c’est déjà ça de gagné).

Mais je suis pas du genre à me laisser freiner par quelques détails mineurs. J’irai me doucher chez mes voisins, c’est probablement un bon moyen de faire connaissance.

Bref.

Bientôt, donc, je déménage.

Logiquement, du coup, je me suis mise à faire du tri dans tout mon bordel. Ben ouais parce que j’ai beau pouvoir plier les lois de la physique juste avec la force de mon esprit, faire rentrer mes 100m2 actuels (allez, un peu moins si on enlève la chambre de Kalou) dans mes futurs 44m2, c’est pas exactement gagné.

Alors je trie.

11 ans de vie, surtout quand, comme moi, on est incapable de jeter quoi que ce soit, ça fait un paquet de trucs à trier, croyez moi.

Et forcément je tombe sur des trésors absolument oubliés. Souvenirs en tout genres, monceaux de photos, vieux carnets noircis d’ébauches de romans qui n’auront jamais dépassé le stade du 2ème chapître… Et je parle même pas des fringues qui arborent encore leur étiquette… avec le prix en francs.

Parmi tous ces trésors, je suis tombée sur un carton de cassettes audios enregistrées. Dessus, tout un tas de compils que je m’étais mitonnées à cette époque où le lecteur mp3 tenait de la science fiction (et où le discman c’était bien mais vachement pas pratique pour se concocter les sacro-saintes mixed tapes).

Du coup, paf, me voilà replongée dans la musique de mon adolescence.

D’où le thème de la playlist du jour.

Allez hop, on remonte le temps, nous voilà en 1995, en direct de mon walkman. 16 chansons pour mes 16 ans. Je vous préviens y a quelques trucs pas hyper audibles:

PIL 5x16 #1 - Fleur : Let's be 16 again

mercredi, janvier 26 2011

It's got Electrolytes!

Chantier de l'O2 Arena, Berlin, décembre 2007

À Berlin, on trouve plein de gens qui viennent écouter de l'électro minimaliste. Au début, tu te demandes un peu de quoi il retourne, quand bien même t'es pas super fan d'électro. Ou de minimalisme. On t'explique que c'est la quintessence même de la party berlinoise, que les clubs de la ville sont à la pointe de la mouvance, et que les labels locaux s'exportent aux quatre coins du monde. Ça te fait une belle jambe.

Un jour, tu rentres dans un bar qu'on décrit comme typique. Bordélique, avec un mobilier systématiquement dépareillé, parfois un peu défoncé, et une absence notoire de lumière vive. À midi comme à minuit, tu ne vois pas beaucoup plus loin que le bout de ton verre. Une platine trône quelque part dans la pièce, encadrée par une paire d'enceintes hors de proportion. Régulièrement, quelqu'un vient mixer ; on ne sait pas trop si c'est un client régulier, une des barmaids qui veut se changer les esprits, ou Anja Schneider qui passait par là.

La musique est un peu forte, et t'as rarement entendu un son comme celui-là à la radio. C'est un peu lent, tu ne te vois vraiment pas danser là dessus et t'as un peu du mal à comprendre pourquoi on viendrait à Berlin pour écouter un truc pareil. À blanc, à la rigueur, ça te tape un peu sur les nerfs. Tu commandes un cocktail quand même, à ce prix là ils pourraient passer Tokio Hotel que ça ne changerait rien à ta détermination. Tu te vautres dans un canapé éventré en écoutant les glaçons rebondir sur les parois des shakers.

Malgré le volume sonore, on s'entend bien. Et cette lumière à peine suffisante rapproche un peu les gens. Lentement, tu t'imprègnes de l'ambiance des lieux. Les tramways passent régulièrement pas très loin et complètent le paysage auditif. Tu commandes un autre verre, un truc improbable comme une Berliner Weiße ou un Daiquiri fraise. L'alcool t'étourdit un peu, tu commences à discuter sans trop faire attention à ta grammaire, et à oublier les trucs hyper importants qui t'obsédaient il y a encore quelques minutes. Et c'est tant mieux au final, on s'en fout un peu que Vodka soit féminin, masculin ou neutre, l'important c'est qu'elle soit frappée.

La musique ricoche sur les murs au milieu des rires et des discussions. T'es pas mal au final, dans ce bar bizarre, et tu t'imagines déjà en faire une extension de ton salon. Et puis l'avantage c'est que tu ne seras jamais en rade de Kalhua. Le minimalisme a peu à peu pris tout son sens ; il s'est insinué tranquillement, bien présent mais pas envahissant.

Contre toute attente, il t'a même apaisé.

PIL #79 It's got Electrolytes!